mardi 18 février 2014

Dassault, une garde à vue « bien spéciale !


C’est demain que Serge Dassault, que l'on ne présente plus, patron multi milliardaire, marchand d’armes, sénateur UMP, ex-maire de Corbeil, patron du Figaro, dont le groupe financier possède près de la moitié de la presse française, devrait, enfin, être entendu devant les juges du parquet d’Evry qui enquêtent sur les achats de votes lors des municipales de Corbeil-Essonnes, en 2008, 2009 et 2010, achats de votes « présumés », à coups de millions d'euros, selon le terme employé.

Garde à vue spéciale car étant donné son grand âge, 89 ans, celle-ci se déroulerait dans le cadre médicalisé de l’Hôtel-Dieu, Dassault devrait pouvoir rentrer chez lui le mercredi soir et revenir devant les juges le jeudi matin. La justice montre beaucoup d’égard vis-à-vis de son « hôte de marque ». Et pourquoi ne pas lui dérouler le tapis rouge et lui offrir un « espace détente »avec de l’eau pétillante… pendant qu’on y est ! 

On se souvient comment ces dernières années, d’autres justiciables de haut vol, grand serviteur de l’Etat français, avaient avancé l’argument de leur grand âge, de leur santé fragile, afin d’échapper à leurs accusateurs. Pourquoi se priveraient-ils de cette « ficelle » étant donné que « la justice » bourgeoise se montre bienveillante vis-à-vis des puissants en s'intéressant  à eux en fin de vie ?  La justice fait preuve de bien plus de célérité et ne met pas de gants lorsqu’il s’agit de s’en prendre à des ouvriers grévistes, ou pour condamner des travailleurs luttant contre la fermeture de leur usine. Une justice de classe, dites vous.

Une levée de l’immunité parlementaire prévisible

Aujourd’hui, Dassault joue les grands seigneurs. Il  prétend avoir demandé la lever de l’immunité parlementaire au Sénat afin d’être entendu par la justice. Il souhait dire la vérité toute la vérité. Pourquoi ne l’a-t-il pas dite avant ? Encore une opération d’enfumage dont il est passé maître. Après avoir fait pression, écrit à ses collègues sénateurs de n’en rien faire, il avait réussi par deux fois à faire en sorte que bureau du sénat ne touche pas à son immunité. Et voilà Saint-Dassault pris par les remords prêt à dire la vérité, toute la vérité, juré, craché ! La bonne blague ! C’est que l’étau se resserrant, le scandale avait été tel, qu’il était évident que le vote se ferait désormais à main levée et non plus à bulletins secrets : on allait enfin savoir quels étaient les sénateurs de gauche qui lui avaient renvoyé l’ascenseur dans les deux derniers scrutins en votant contre la levée de l’immunité. C’est pour cela que Dassault a pris les devants afin d’éviter que ne soient "mouillés" ceux qui lui avaient renvoyé l’ascenseur. 

Quoi qu’il en soit, cette affaire montre que les grands patrons même lorsque la corruption dont ils sont responsables est avéré sont des personnages intouchables dans cette société. Sa mise en garde à vue ne change pas grand chose à l’affaire. Ce n’est pas une condamnation. Il est seulement entendu. Et vu la lenteur de la justice qui manque de moyens et la tripotée d’avocats du barreau grassement rémunéré par l’avionneur, on peut d’ores et déjà dire que tout cela va traîner en longueur ! 

La loi triche disait l’Internationale, et il faudra bien d’autres secousses sociales, d’autres mouvements populaires pour que ces grands patrons arrogants tremblent sur leur piédestal et tombent à terre.  

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