C’est demain que Serge Dassault, que l'on ne présente plus, patron multi milliardaire, marchand
d’armes, sénateur UMP, ex-maire de Corbeil, patron du Figaro, dont le groupe
financier possède près de la moitié de la presse française, devrait, enfin,
être entendu devant les juges du parquet d’Evry qui enquêtent sur les achats de
votes lors des municipales de Corbeil-Essonnes, en 2008, 2009 et 2010, achats
de votes « présumés », à coups de millions d'euros, selon le terme employé.
Garde à vue spéciale
car étant donné son grand âge, 89 ans, celle-ci se déroulerait dans le cadre
médicalisé de l’Hôtel-Dieu, Dassault devrait pouvoir rentrer chez lui le mercredi
soir et revenir devant les juges le jeudi matin. La justice montre beaucoup d’égard
vis-à-vis de son « hôte de marque ». Et pourquoi ne pas
lui dérouler le tapis rouge et lui offrir un « espace détente »avec
de l’eau pétillante… pendant qu’on y est !
On se souvient comment ces dernières années, d’autres
justiciables de haut vol, grand serviteur de l’Etat français, avaient avancé l’argument
de leur grand âge, de leur santé fragile, afin d’échapper à leurs accusateurs. Pourquoi se priveraient-ils de cette « ficelle » étant donné que « la
justice » bourgeoise se montre bienveillante vis-à-vis des
puissants en s'intéressant à eux en fin de vie ? La justice fait preuve de bien
plus de célérité et ne met pas de gants lorsqu’il s’agit de s’en prendre à
des ouvriers grévistes, ou pour condamner des travailleurs luttant contre la fermeture de leur
usine. Une justice de classe, dites vous.
Une levée de l’immunité parlementaire prévisible
Aujourd’hui, Dassault joue les grands seigneurs. Il prétend avoir demandé la lever de l’immunité
parlementaire au Sénat afin d’être entendu par la justice. Il souhait dire la
vérité toute la vérité. Pourquoi ne l’a-t-il pas dite avant ? Encore une
opération d’enfumage dont il est passé maître. Après avoir fait pression, écrit à ses collègues sénateurs de
n’en rien faire, il avait réussi par deux fois à faire en sorte que bureau du
sénat ne touche pas à son immunité. Et voilà Saint-Dassault pris par les
remords prêt à dire la vérité, toute la vérité, juré, craché ! La bonne
blague ! C’est que l’étau se resserrant, le scandale avait été tel,
qu’il était évident que le vote se ferait désormais à main levée et non plus à
bulletins secrets : on allait enfin savoir quels étaient les sénateurs de gauche
qui lui avaient renvoyé l’ascenseur dans les deux derniers scrutins en votant
contre la levée de l’immunité. C’est pour cela que Dassault a pris les devants afin d’éviter
que ne soient "mouillés" ceux qui lui avaient renvoyé l’ascenseur.
Quoi qu’il en soit, cette affaire montre que les grands
patrons même lorsque la corruption dont ils sont responsables est avéré sont
des personnages intouchables dans cette société. Sa mise en garde à vue ne
change pas grand chose à l’affaire. Ce n’est pas une condamnation. Il est
seulement entendu. Et vu la lenteur de la justice qui manque de moyens et la
tripotée d’avocats du barreau grassement rémunéré par l’avionneur, on peut d’ores
et déjà dire que tout cela va traîner en longueur !
La loi triche disait l’Internationale, et il faudra bien d’autres secousses sociales, d’autres mouvements populaires pour que ces grands patrons arrogants tremblent sur leur piédestal et tombent à terre.
La loi triche disait l’Internationale, et il faudra bien d’autres secousses sociales, d’autres mouvements populaires pour que ces grands patrons arrogants tremblent sur leur piédestal et tombent à terre.
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