vendredi 21 novembre 2014

Affaire Dassault (suite) (3)

Un article de Lutte Ouvrière n°2416 du 21 novembre 2014

Les « pensées » d'un patron
Les confessions de son comptable ont valu à Dassault un rappel de ses « bonnes paroles ».
Sur le mariage pour tous, « il n'y aura plus de renouvellement de population, donc on aura un pays d'homos... et après, y' aura plus personne ». D'ailleurs, selon lui, c'est l'homosexualité qui a tué la Grèce antique.

Les droits des travailleurs ? « C'est comme élever des enfants en leur donnant des bonbons. » Le scandale : « Ces infirmières qui quittent l'hôpital à 16 heures en laissant leurs malades tout seuls ». Le modèle : « Les Chinois travaillent 45 heures par semaine, ils dorment dans leur usine, ils font de bons produits pas chers. » (ITélé en 2008).

Les jeunes ? « Ces gamins ne servent à rien, ne foutent rien et emmerdent tout le monde ». (débat parlementaire sur les contrats d'insertion 2012)

Et la justice ? En 1997 à propos de l'affaire des époux Tibéri eux aussi en délicatesse avec le code électoral... « Ce n'est pas parce qu'un jour il (le président du Conseil général de l'Essonne ) a fait une petite erreur en donnant 200 000 francs à madame Tiberi qu'il faut en faire toute une histoire. ».

Les « pensées » de Dassault sont redoutables et même redoutées y compris par ses amis politiques.

Affaire Dassault (suite) (2)

Un article de Lutte Ouvrière n°2416 du 21 novembre 2014


Affaire Dassault : les bons comptes ne font pas les bons amis
 

Gérard Limat, le comptable suisse de Serge Dassault, a reconnu devant les policiers de l'office anti-corruption qu'il avait remis à l'ancien maire UMP de Corbeil-Essonnes 53 millions d'euros en liquide, entre 1995 et 2012.
Le comptable approvisionnait en fonds une société genevoise, Cofinor, via des établissements financiers en Suisse et au Lichtenstein. À la demande de Dassault, il se faisait livrer des petits paquets de grosses liasses de billets de 100 euros qu'il allait déposer dans le bureau de son patron et ami. Le tout dans la plus parfaite discrétion de la part de cette société qui garantissait « des opérations ordonnées oralement et sans confirmation écrite », et de la part de Limat lui-même qui disait ignorer la destination de ces fonds. Pour Limat ces fonds n'étaient pas si énormes, vu le standing de Dassault.
L'ennui, c'est que les lois suisses anti-blanchiment sont devenues plus pesantes et les banques plus méfiantes, que Dassault est accusé d'avoir acheté des voix lors de plusieurs élections, à un moment où justement, entre 2008 et 2012, le fidèle comptable lui a remis près de 7,5 millions d'euros en liquide. Et, plus ennuyeux encore, il a aussi fait pour 4,2 millions d'euros de virements entre autres à des habitants de Corbeil, dont des acheteurs de voix présumés. Limat a beau protester qu'il croyait faire des versements à des œuvres caritatives, il se retrouve mis en examen pour « complicité de financement illégal de campagne électorale et d'achat de votes » ainsi que de « blanchiment ».
La vie est bien ingrate quand on est « l'ami » de Dassault. Si cela peut le consoler, il n'est pas dit qu'il le reste longtemps après des aveux qui sapent un peu plus le terrain sous les pieds de l'ex-maire et toujours sénateur.
Sylvie Maréchal

Affaire Dassault (1)

Les magouilles d'un patron milliardaire

L'article de Sud-Ouest retrace avec exhaustivité  toutes les magouilles de Dassault à Corbeil, tous les procès en cours. Il est  d'autant plus intéressant qu'il rappelle qu'en 1998, le patron milliardaire avait déjà été condamné pour corruption active en Belgique ; ce que la presse du groupe dont il est propriétaire (Figaro et compagnie) s'empresse d'oublier systématiquement !!
Article du journal SUD-OUEST
publié le vendredi 21 novembre 2014

Corruption, achats de vote, blanchiment... Les affaires qui visent Serge Dassault



Dassault aurait reçu de l'argent liquide par une filière suisse qui lui aurait permis d'acheter des voix. Au coeur de multiples affaires, l'industriel a déjà été condamné pour corruption en 1998. Le point


Les 6 et 7 octobre derniers, Gérard Limat, ancien proche de Serge Dassault, a raconté dans le détail aux juges d'instruction comment il a remis 53 millions d'euros à l'avionneur, entre 1995 et 2012.
Les soupçons de corruption électorale dans son fief de l'Essonne et de détournements de millions d'euros ne sont pas les seuls ennuis judiciaires du patron de presse et patriarche de l'empire Dassault, symbole de la réussite industrielle et technologique de la France.
REPERES
Âgé de 89 ans, Serge Dassault, est polytechnicien et ingénieur de l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique.  Ancien directeur puis PDG de Dassault Aviation (1955-2000), héritée de son père, Marcel, en 1986, il est à la tête de la 6ème fortune de France (13,5 milliards d'euros selon Challenges). Maire de Corbeil-Essonnes de1995 à 2009, il est devenu sénateur UMP de l'Essonne en 2004 et a racheté la même année le "Figaro".
Déjà condamné en 1998 dans une affaire de pots-de-vin en Belgique, l'ancien maire de Corbeil-Essonnes fait aujourd'hui l'objet de cinq enquêtes judiciaires: une à Paris sur le financement des campagnes de 2008, 2009 et 2010 ; une sur plainte des enfants Dassault, pour « appels malveillants» et « tentatives d'extorsion de fonds » ; une ouverte par Tracfin, sur des prêts accordés par Serge Dassault à plusieurs personnes ; deux à Evry pour des tentatives de meurtre.
  • 1. 1998 : CONDAMNATION POUR CORRUPTION ACTIVE EN BELGIQUE
"C'est un mauvais souvenir, n'en parlons plus", Serge Dassault au "Parisien", septembre 1998
En 1998, Serge Dassault est maire de Corbeil-Essonnes depuis trois ans, une ville qu'il a ravie en 1995 au Parti communiste, pour l'offrir au  RPR. Le 23 septembre, la Cour de cassation belge reconnaît le PDG français coupable de"corruption active" et le condamne à deux ans de prison avec sursis.

15 MILLIONS DE FRANCS POUR LE CONTRAT "CARAPACE"

L'avionneur était mis en cause pour le versement en avril et juin 1989, au Parti socialiste belge, de 15 millions de francs français versés par la société Dassault, via le  compte en Suisse "Sophie", appartenant à sa mère, Madeleine Dassault. Objet de la contrepartie : l'attribution à sa société Electronique Serge Dassault (ESD) du contrat "Carapace", un marché d'équipement en systèmes de protection électronique des avions F-16 de l'armée belge. Serge Dassault soutenait qu'il était "totalement étranger" à ces  pots-de-vin, mais, pour la justice belge, le doute n'était pas permis, l'industriel avait décidé personnellement de leur versement.
Ces commissions occultes avec les avionneurs Dassault et Agusta avaient été révélées par des perquisitions menées dans le cadre de l'enquête sur la mort d'André Cools, l'ex-vice-Premier ministre belge et ex-président du Parti socialiste, assassiné sur un parking le 18 juillet 1991 à Liège. On soupçonnait des membres du PS belge d'avoir commandité le crime. LIRE LA SUITE