dimanche 22 novembre 2015

La France en guerre ? Leur guerre n’est pas la nôtre

Un article du journal Lutte Ouvrière

18 Novembre 2015 
 
Hollande, Valls, tous les politiciens et toute la presse répètent à l’envi que la France est en guerre. Cette guerre aurait officiellement commencé après les attentats contre le World Trade Center de New York, le 11 septembre 2001, et opposerait le camp des démocraties au terrorisme islamiste. Les massacres du vendredi 13 novembre à Paris en seraient le dernier développement.
Mais, quoi qu’en disent les commentateurs complaisants, ce monde de violences, de massacres, d’oppression et d’ignominies sans fin n’est pas né le 11 septembre, accouché par Ben Laden. Il est le résultat de l’expansion du capitalisme à toute la planète, une expansion qui s’est faite par le fer et par le feu, de la Chine à l’Afrique, du Moyen-Orient à l’Australie. Les populations ont été massacrées, réduites au travail forcé, déportées. Et, contrairement à ce que prétendent les défenseurs béats des démocraties impérialistes, cette domination prévaut encore, sous des formes à peine transformées.

Comment qualifier autrement la situation d’une grande partie de l’Afrique, ravagée par les dictatures, les guerres civiles, les épidémies, mais où les mines fonctionnent sous la protection de gardes armés et où les casernes françaises sont là pour assurer l’ordre ? Qu’est-ce donc que le Moyen-Orient sinon le champ clos d’affrontements barbares, autour des richesses pétrolières, détenues, en fin de compte, par les impérialistes ou leurs agents ?


Alors oui, la France, du moins la France du capital, est en guerre. En guerre depuis longtemps pour piller le morceau de planète qu’elle s’est taillé à coups de fusil, le conserver contre les autres vautours, le préserver contre les révoltes des peuples opprimés. Cette guerre a pris divers noms, expéditions d’Afrique ou du Tonkin, guerre du Rif, guerre d’Indochine ou d’Algérie et les multiples interventions d’aujourd’hui, aux noms poétiques, Harmattan, Serval ou Sangaris.
La France du capital est en guerre. Cette guerre de pillage n'est pas la nôtre. Les bombardements en Syrie contre Daesh font aussi des victimes civiles.                                                                                                                                                         .
La politique de terreur sur les populations est la norme dans cette guerre séculaire, comme elle le fut en Europe il n’y a pas si longtemps, comme elle peut le redevenir ici. Les tueurs de Daech ne sont hélas pas des extra-terrestres, mais des rejetons de ce monde malade. Et c’est à cette maladie qu’il faut s’en prendre.

Paul GALOIS

une censure inacceptable

Interdiction de la manifestation de soutien aux migrants à Paris  


Communiqué

19/11/2015 

Il est significatif qu’une des premières victimes de l’état d’urgence instauré par le gouvernement et soutenu par l’ensemble du personnel politique de la bourgeoisie soit la manifestation de solidarité en faveur des migrants, prévue dans la région parisienne pour le dimanche 22 novembre. Les préfets des départements de la région viennent de publier un arrêté « portant interdiction des manifestations sur la voie publique dans les départements de la région Ile-de-France ».

Réfugiés réclamant justice et demandant un logement décent
Justifié au nom de « la guerre contre le terrorisme », l’état d’urgence est utilisé contre ceux qui ont dû fuir leur pays précisément en raison de la terreur exercée sur la population notamment par l’État islamique, et contre ceux qui, ici en France, souhaitent exprimer leur solidarité avec eux.

L’interdiction de cette manifestation révèle clairement l’escroquerie du gouvernement qui consiste à détourner l’émotion légitime ressentie par toute la population devant l’horreur des attentats terroristes, pour tenter de l’embrigader derrière sa politique de va-t-en guerre au Moyen-Orient. 

Cette escroquerie bénéficie de la complicité de tous les partis politiques de la bourgeoisie, du Front national au Parti socialiste.

La prétention de protéger la population est un mensonge grossier. De la gauche gouvernementale à l’extrême droite, tous les partis se livrent à une surenchère de gesticulations qui non seulement sont inefficaces pour juguler les groupes terroristes mais contribuent à aggraver le climat de méfiance entre leurs victimes en fonction de leur origine. Instaurer la suspicion et la crainte, c’est ce que recherchent les groupes terroristes eux-mêmes.

Lutte ouvrière se joint à tous ceux qui protestent contre l’interdiction de la manifestation de solidarité avec les migrants, et considère que la censure que cette interdiction implique à l’égard de femmes, d’hommes, d’organisations qui rejettent clairement le terrorisme, est inacceptable.

Quand la barbarie du monde nous rattrape

ÉDITORIAL DES BULLETINS D'ENTREPRISE

16/11/2015
Au moins 129 morts et plus de 300 blessés ; les terroristes qui ont frappé vendredi soir ont tué froidement et méthodiquement le plus de femmes et d’hommes qu’ils ont pu : ceux qui étaient en terrasse, les spectateurs du Bataclan, ceux qui se trouvaient au Stade de France.

Ils ont tué indistinctement, au hasard, pour terroriser. Face à un tel déferlement de barbarie, on ne peut être que saisi d’horreur. Rien ne peut justifier de telles tueries. Ces actes viennent d’ennemis de toute l’humanité et par conséquent d’ennemis des travailleurs.   

Alors que nous sommes tous bouleversés, les principaux dirigeants profitent de cette émotion pour que l’on se taise et se range derrière leur politique. Lundi après-midi, toute la classe politique s’est solennellement réunie en Congrès pour en appeler à l’unité nationale derrière elle. La veille, Hollande avait reçu Sarkozy et Le Pen à l’Élysée.

Ils nous parlent d’unité, mais est-ce que la droite et le FN vont cesser leur surenchère nauséabonde contre les musulmans et les étrangers ? Est-ce que le gouvernement mettra fin à ce climat de méfiance généralisée ? Bien sûr que non ! Avec l’état d’urgence et le durcissement des mesures policières, il faut s’attendre à la multiplication des contrôles au faciès et à la suspicion généralisée qui fera le lit des pires racistes.

Pour Hollande, Sarkozy et Marine Le Pen, « l’unité nationale » consiste à s’unir derrière eux pour faire la guerre. Même si la droite et le FN critiquent la politique de Hollande qui serait encore trop laxiste, ils nous ordonnent tous de faire bloc derrière l’État et de soutenir l’effort de guerre, d’accepter l’état d’urgence et la limitation des libertés. Et si on ne soutient pas cette voie guerrière, c’est qu’on est avec les djihadistes, accusent-ils !
Eh bien, ne nous laissons pas impressionner par ce genre de chantage ! Il faut dénoncer ET les terroristes, ET les responsabilités de l’État français.

Les djihadistes de Daech exercent une des dictatures les plus féroces qui soient dans les régions qu’ils dominent. Ils rackettent les populations, les forcent à vivre selon des préceptes moyenâgeux, réduisent les femmes en esclavage et liquident ceux qui ne pensent pas comme eux. Leurs victimes sont autant musulmanes que chrétiennes, preuve s’il en fallait qu’il ne s’agit ni d’un « choc des civilisations » ni « d’une guerre de religions » mais d’une lutte pour le pouvoir et pour les richesses de la région. 

Mais ces monstres ne sont pas sortis de rien. Pour maintenir leur domination dans cette région du Moyen-Orient qu’ils avaient colonisée, les dirigeants des pays impérialistes n’ont jamais hésité à s’appuyer sur les pires régimes, sur des dictatures moyenâgeuses comme l’Arabie saoudite ou sur l’État d’Israël qui opprime le peuple palestinien.

Et lorsque cela les arrangeait, ils ont armé des groupes et manœuvré pour faire naître des oppositions. En Irak, les États-Unis ont renversé Saddam Hussein, détruit son armée et mis en place un régime qui a exclu les sunnites. On retrouve aujourd’hui ces derniers à la tête de Daech.

Les grandes puissances ont déclenché la « guerre contre le terrorisme » il y a 14 ans, après l’attentat du World Trade Center. À l’époque, il y avait un ou deux foyers terroristes. Aujourd’hui, il y en a des dizaines. Loin d’éradiquer le terrorisme, ces interventions impérialistes les nourrissent.

Il y a un mois, des terroristes frappaient en Turquie, faisant 97 morts. Il y a quinze jours, un avion russe se crashait sur le Sinaï : 224 morts. Jeudi dernier, à Beyrouth, une bombe a fauché 43 personnes. Quant à la guerre en Syrie, elle a déjà fait 250 000 morts. Alors, non, la barbarie n’est pas montée d’un cran depuis qu’elle a frappé Paris, elle nous a rattrapés.

La France ne peut pas être un îlot de sécurité et de paix dans un océan de misère et de guerres. Un monde où 67 familles possèdent l’équivalent de ce qu’ont, pour survivre, 3,5 milliards d’êtres humains, un monde où l’Afrique et le Moyen-Orient sont des eldorados convoités par les capitalistes mais des enfers pour leurs populations, ne peut qu’engendrer des monstruosités. On ne s’en débarrassera qu’en prenant le mal à la racine, c’est-à-dire à la domination de ce système économique fou.

Alors, ne nous laissons pas enrôler dans cette union sacrée des impérialistes ! Ne laissons ni Hollande, ni Sarkozy, ni Le Pen, parler en notre nom ! Il est vital que nous, les travailleurs, quelle que soit notre origine, nous nous sentions une classe unie par nos intérêts, pour nous défendre contre cette minorité qui nous exploite et plonge le monde dans la barbarie.

dimanche 15 novembre 2015

Apropos des attentats vendredi 13 novembre 2015


 Un communiqué de Nathalie Arthaud

Un massacre atroce et inqualifiable


14/11/2015

Massacrer des gens dans une salle de spectacle, dans des bars et des restaurants, aux abords d’un stade ; ceux qui ont perpétré hier plusieurs attentats, à Paris et à Saint-Denis, ont voulu faire le maximum de morts, aveuglément. Ces attentats sont des actes ignobles. Nous exprimons notre émotion et toute notre solidarité avec les victimes et avec leurs proches.
Quelles que soient les idées dont se réclament ceux qui ont perpétré ces attaques, ce sont des ennemis de tous les travailleurs. S’il se confirme qu’il s’agit d’islamistes, leur violence procède de la même barbarie que celle des djihadistes syriens ou irakiens, qui cherchent, par la terreur, à mettre en coupe réglée des populations entières, à réduire les femmes en esclavage et à liquider tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

L’horreur des attentats perpétrés à Paris et à Saint-Denis renforce ceux que leurs auteurs prétendent combattre. Ils renforcent l’État français, qui instaure l’état d’urgence et accroît les mesures policières. Ils renforcent l’extrême droite, ses discours haineux vis-à-vis des musulmans et des immigrés, et sa revendication d’un État plus fort. 

Nous partageons entièrement l’émotion de la population, et en particulier de tous les proches des victimes de ces attentats. Mais nous n’avons aucune solidarité avec l’État français et avec ses dirigeants politiques. Ceux-ci ont une large part de responsabilité dans les guerres qui ensanglantent aujourd'hui le Moyen-Orient, des guerres dont Paris a eu, hier soir, un écho sanglant.

C’est pourquoi Lutte ouvrière n’ajoutera pas sa voix au concert de l’unité nationale. Nous ne partageons rien avec les Hollande, les Sarkozy et les Le Pen. Toute notre solidarité va aux victimes et à leurs proches. Nous poursuivrons notre combat pour un monde débarrassé de l’obscurantisme, de l’injustice, de la domination impérialiste et de tous ses avatars.

Nathalie ARTHAUD

Un lien vers un exposé récent du Cercle Léon Trotsky dont le sujet était la barbarie des djihadistes et celle de l'impérialisme


Moyen-Orient : la barbarie des djihadistes et celle de l’impérialisme