Il n’y a pas de fumées sans feu !
Premières réflexions après un
accident grave.
La
gravité de l’incendie de mercredi 19 juin 2013 et ses conséquences soulèvent
de nombreuses questions. Notre préoccupation va, en premier lieu, aux victimes
identifiées, et à nous assurer qu’il n’y en aurait pas d’autres …
Les victimes
Selon
la direction, 16 travailleurs de l’entreprise sous-traitante ont été touchés
par l’accident : un serait brûlé (dont nous n’avons pas de nouvelles) et d’autres ont inhalées de la fumé. Tous feraient l’objet de surveillance et d’analyse.
Les résultats ne seront disponibles que d’ici quelques jours. Souhaitons qu’ils
soient rendus publics.
C’est
le troisième incendie en trois ans (poste électrique P12, aspirateur du laser).
Face à ce type d’accident, nous avons toujours les mêmes questions auxquelles
la direction n’a toujours pas apporté de réponse. Attitude irresponsable ! Elle
ne fait que promettre de résoudre… les
ratés constatés.
A nous tous de faire pression sur la direction pour obtenir des réponses claires à nos interrogations.
A nous tous de faire pression sur la direction pour obtenir des réponses claires à nos interrogations.
L’origine de l’incendie
Il
semble établi que c’est une étincelle de « disqueuse » qui a
déclenché l’incendie. Disqueuse manipulée par un travailleur de l’entreprise en
charge du démontage de la cabine de peinture désaffectée. Dans les procédures
Snecma, un tel chantier suppose l’établissement d’un « permis de feu », lequel permet au service d’incendie d’évaluer
le risque, et d’affecter ou non les moyens, y compris la présence permanente
d’un pompier. Ce qui est sûr, c’est
qu’il n’y en avait pas. Pourtant, même un non spécialiste d’incendie
suppose que la pollution d’une cabine de peinture ne doit pas manquer de résidus de substances
inflammables !
Les faits aggravants
L’entreprise
qui effectuait le travail est un sous-traitant de l’entreprise qui a obtenu le
marché. Sous-traiter la sous-traitance, n’est-ce pas multiplier les
risques ? Sous-traitants aussi, les pompiers du centre. Et ce n’est
attaquer le professionnalisme de personne de constater que dans tous les
métiers, l’expérience, la familiarité avec les lieux et les « us et coutumes »
est un gage de sécurité.
Il est
indispensable de limiter le recours à la sous-traitance. Cette politique de la
direction a pour conséquence non seulement une baisse des prix et de la paye
des travailleurs mais aussi et surtout sur la sécurité et les conditions de
travail.
- Il faut mettre un terme à l’externalisation des pompiers, des gardiens, du nettoyage… avec embauche immédiate des salariés concernés qui le souhaitent. C’est ce que réclame d’ailleurs la CGT de l’usine.
- Il faut enrayer la baisse du personnel, et donc des compétences d’ensemble, du personnel des moyens généraux appelés à suivre tous ces chantiers ; un personnel toujours moins nombreux pour suivre des chantiers en nombre sans cesse croissant.
L’évacuation du bâtiment,
déclenchement de l’alarme…
Une
fois l’incendie déclaré :
- heureusement que le personnel s’est comporté avec sang-froid, et esprit de responsabilité ;
- heureusement que le salarié enfermé (suite aux coupures d’énergie) dans sa cabine de ressuage a été libéré par des collègues ;
- heureusement que les secouristes et pompiers auxiliaires ont été présents, dont notre camarade qui a tenu le premier la lance à incendie.
Mais
on ne peut pas féliciter la direction sur tous ces points déjà connus :
- De nouveau, un temps incroyablement long s’est écoulé entre les premières alertes incendie, et l’alarme d’évacuation : quinze minutes au moins ;
- de nouveau, le manque d’exercice d’évacuation s’est fait sentir.
Cela
fait des années que nous réclamons dans différentes instances le rétablissement
d’un exercice réel, avec le repérage physique des points de rassemblements.
Cela a
toujours été refusé. Pour faire des économies ? C’est un motif scandaleux lorsqu’on
en mesure les conséquences.
"Informations" et rumeurs
Le balai
des véhicules de secours était impressionnant. Les consignes strictes
d’interdiction de pénétrer l’atelier sont tout à fait compréhensibles. Mais ce
climat tendu favorise hypothèses, rumeurs et inquiétudes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la direction a été avare
d’information pendant la journée. D’informations, et pas seulement de propos
rassurants.C’est d’autant plus choquant que pendant
que des centaines d’entre nous s’interrogeaient, la direction organisait une
information à la presse au pavillon d’entrée (avec une vidéo disponible dès
16h30), bien plus préoccupée de son image de marque à l’extérieur que de nous
informer réellement. Aucun représentant du personnel n’a été
invité à assister à la cellule de crise, logiquement installée sur place.
Les conditions de la
reprise
Sans
surprise, les pressions à un redémarrage rapide de la production se fait
sentir.
Comment
savoir si la suie déposée partout est « inoffensive » ?
Pourquoi
un nettoyage systématique, par une société spécialisée n’a pas été
envisagé ? Parce qu’on ne craint rien ? Peut-être.
Les
responsables des secteurs les plus touchés ont imaginé que nous allions prendre
les chiffons sans se poser plus de question ?
Nous ne sommes pas disposé à la croire sur parole. Dans
beaucoup de domaine, nous avons vu nos responsables mentir : "travailles bien et tu seras
récompensé" ; "faites comme ça et la pièce ne sera pas externalisée" etc.
Pas étonnant que lorsqu’il s’agit de notre santé, nous soyons méfiants.
L’explication
détaillée des risques potentiels, la transparence totale des résultats des analyses sont indispensables.
Nous sommes des
salariés et nous avons des droits.
Nous
ne sommes pas des petits soldats avec le petit doigt sur la couture du
pantalon.
Nous ne venons pas à l’usine pour y laisser notre peau.
Alors,
quand un accident éclate qui met en danger nos vies, nous avons le droit de savoir,
nous avons des revendications sur la sécurité et
il est normal que nous ayons des réponses.
Voilà ce que nous écrivions dans un article de Lutte Ouvrière n°2194 du 20 août 2010 à propos d'un autre incendie à la Snecma
Snecma - Corbeil (Essonne) Deux blessés graves : la direction responsable
Jeudi 12 août à l'usine Snecma de Corbeil-Essonnes, qui fabrique des
moteurs d'avions, un incendie s'est déclaré dans l'atelier CF
342 brûlant gravement deux ouvriers de la société SNS, une société
sous-traitante qui intervenait pour la première fois dans l'usine.
La direction a expliqué que les deux salariés étaient sortis de
l'hôpital, en minimisant l'affaire tout en cherchant à fuir sa
responsabilité. Elle n'a pas dit un mot sur la gravité des brûlures
des deux camarades accidentés. Pas un mot sur les circonstances de
l'accident.
L'enquête n'est pas encore terminée, mais d'ores et déjà on peut
pointer du doigt certaines responsabilités : l'incendie s'est déclaré
sur une installation connue de tous, à l'occasion d'une simple
opération d'entretien. Les résidus de soudure, les poussières sont
particulièrement inflammables. Les produits utilisés comme le titane
sont également dangereux. D'autres incendies d'aspirateurs et de
tables aspirantes d'ajustage avaient déjà eu lieu.
Ce dernier accident n'est donc pas le seul fait du hasard. La course
aux profits, la réorganisation de la production, les mutations, la
dilution des responsabilités, le recours à la sous-traitance,
la négligence des risques encourus contribuent à augmenter les dangers.
La direction peut affirmer le contraire, parler de sécurité, mais elle
ne peut nier que cette politique conduit à sous-estimer
les risques d'accident.
En se refusant à prendre des mesures de sécurité sérieuses et
durables, elle nous met en danger. L'organisation défaillante des
secours jeudi dernier en a donné la preuve : pompiers en nombre
restreint et dont le service est sous- traité à des entreprises
extérieures, aucune évacuation du personnel, aucune ouverture des dômes
pour l'évacuation de la fumée, alarme tardive. Rien que ça !
On vient à l'usine pour gagner notre vie, pas pour y laisser la santé.
Correspondant LO