dimanche 29 septembre 2013

Toujours et à propos du système Dassault, une émission de France Inter

A écouter sur France Inter en poadcast.   

Ce matin, dimanche 29 septembre, l'Enquête de la rédaction de France Inter, par Frédéric Barreyre et Jacques Monin, est consacré au système mafieux de corruption généralisé mis en place par Serge Dassault, à Corbeil-Essonnes. Rien de nouveau, c'est ce que tout le monde savait déjà à Corbeil. Mais que France Inter, radio nationale, mène  l'enquête et s'intéresse au sujet, cela permet au grand public de savoir comment un patron milliardaire a pu gangrener avec son fric une ville ouvrière de banlieue. De nombreux témoignages intéressants. C'est édifiant !  

Voici le lien pour écouter l'émission. 


sinon ci-dessous, le texte de l'émission de France Inter.
 
En 2009, le conseil d'Etat annule les élections municipales de Corbeil-Essonnes. Des dons d'argent de la part du maire, Serge Dassault, ont pu selon les juges "affecter la libre détermination des électeurs". Il a fallu attendre mars 2013 pour qu'une information judiciaire soit ouverte, à Paris, pour achat de votes. La justice enquête par ailleurs sur deux tentatives d'assassinats, en janvier et février dernier, sur fond de rivalités pour la manne de l'ancien maire.

Direction les Tarterêts, l'un des quartiers pauvres de Corbeil. Il a beaucoup changé avec la rénovation urbaine, six tours démolies, mais pour Jacques Roignant, militant associatif, c'est très insuffisant :

 " Vous voyez là, le parc Aimé Césaire... moi je me suis bagarré pendant deux ans pour avoir ce parc, c'est une belle chose, malheureusement il n'y a rien, pas de jeux pour les enfants [..]. Monsieur Dassault, puisqu'il a de l'argent, qu'il s'occuppe du quartier! Au lieu de donner de l'argent comme ça, à droite, à gauche. Il a donné de l'argent à des gens, tout le monde les connait, ils ont acheté des magasins, et ces gens sont devenus riches d'un seul coup, ils ont perdu la tête je suppose."


Elu en 1995 dans cet ancien bastion communiste, l'avionneur a financé la construction de la mosquée comme la rénovation de l'église. On l'a vu payer des caddies au supermarché (un témoignage produit devant le conseil d'Etat), ou, comme en témoigne Martine Soavi, enseignante et ancienne militante socialiste, sortir son carnet de chèques pendant une fête de quartier :


" Les jeunes disaient "ils nous faut des ordinateurs". Il a sorti son carnet de chèques. On peut acheter aussi des associations... J'ai déjà entendu Monsieur Dassault dire : "bon allez, c'est des jeunes!"


La ville finance des permis de conduire ou des vacances pour les jeunes. Joël Roret, adjoint de Serge Dassault jusqu'à sa démission en 2006, un temps chargé de la jeunesse, raconte que certains allaient frapper directement chez le maire :

" Il y avait des jeunes à qui j'avais refusé des projets, et que je croisais après dans la rue, ils me disaient "toi, tu sers à rien, on est allé voir le Vieux, on a eu ce qu'on voulait"."


En 2004 des jeunes du quartier de Montconseil mettent le feu au gymnase. Que fait la mairie ? Elle propose à des jeunes de nettoyer le gymnase moyennant finance c'est ce que Joêl Roret découvre ensuite :

 " On m'a demandé d'aller donner des enveloppes à des jeunes qui avaient participé, y compris certains qui étaient interdits de séjour sur Corbeil. C'était le cabinet du maire, de mémoire c'était 500 euros. Je vous parle d'une époque où cela a commencé petitement. Je ne jette pas la pierre à Serge Dassault, il ne vit pas dans le même monde que nous. Si vous parlez de dix euros, lui il pense à 10 000 euros. Le fait qu'il ait imposé, malgré lui, ce mode de fonctionnement dans les quartiers, fait que les plus malins ont pu en profiter."

En 2007, Serge Dassault reconnait avoir donné 500 000 euros à un conseiller municipal issu des Tarterêts, pour financer une action humanitaire au Mali.

Dans un communiqué du 16 septembre, les avocats de l'industriel écrivent qu'il a "toujours eu à coeur d'utiliser la fortune pour porter aide ou secours (...) à des familles ou à des jeunes en difficulté ou désireux de lancer des projets professionnels", mais, soulignent-ils, "toujours en dehors de toute démarche électorale".

Pourtant dans les quartiers, les témoignages se multiplient: certains habitants, militants associatifs ou petits caïds, serviraient d'intermédiaires pour pousser leurs proches à voter pour la majorité municipale.

En 2001, Serge Dassault est réélu maire dès le premier tour. En 2002, il est battu aux législatives, par le socialiste Manuel Valls. Six mois plus tard, l'adjoint Joël Roret voit débouler dans son bureau un traficant notoire :

" Des lascars sont venus me réclamer ce que Monsieur Dassault leur avait promis, je suppose que c'était de l'argent. Donc j'ai vu un lascar de Montconseil avec deux de ses collègues, j'ai appelé la police croyez moi j'avais peur."


Après l'annulation des municipales de 2008, puis 2009, Jean-Pierre Bechter, dauphin de Serge Dassault est élu en 2010. Quelques semaines plus tard, un groupe de jeunes vient perturber le conseil municipal se souvient Nathalie Boulay-Laurent, ancienne adjointe de la majorité, qui a ensuite porté plainte pour fraude électorale :

" Un groupe d'individus est intervenu, les jeunes interpellant directement Jean-Pierre Bechter, en lui disant qu'il avait promis des emplois. Il y a eu un certain nombre d'incidents à cette époque, comme l'agression de deux policiers aux Tarterêts: l'un des agresseurs présumé travaillait pour la mairie."


La suite est racontée par des employés municipaux, qui refusent de s'exprimer au micro. Ils ont vu arriver dans les services plus de 70 jeunes en contrats aidés. Avec certains cela s'est très mal passé: absentéisme, soupçons de vol, et surtout, intimidation des agents. Un salarié de la mairie se suicide en juillet 2010 après avoir été menacé. Les contrats ne seront pas reconduits. Le climat au sein de la mairie s'apaise.

L'enquête est relancée en 2010 par un signalement de Tracfin, la cellule anti-blanchiment, sur des flux financiers suspects. Le Canard Enchaîné révèle en décembre 2012 qu'une somme de 1,7 millions d'euros serait passé par le Liban.

Nous avons rencontré Mamadou, 32 ans, un ancien des Tarterêts. En octobre 2010, il avait déjà témoigné dans Libération avoir touché 100 000 euros pour rabattre des électeurs vers les urnes, en 2009. Il nous affirme aujourd'hui qu'il a reçu davantage, en 2011, pour les élections de 2010. Le mode opératoire a changé. En 2010, Mamadou aurait reçu un virement en Belgique, et du liquide. En juillet 2011, il affirme s'être rendu au Liban, sur les indications de Dassault. A Beyrouth, un intermédiaire lui aurait remis quatre chèques de banque, de la Société générale au Liban, qu'il a déposé sur place dans une autre banque peu regardante. Mamadou a gardé des documents bancaires, qui ne permettent pas de remonter jusqu'à Serge Dassault, mais qui pourraient offrir une piste aux enquêteurs.

Mamadou a été entendu cet été suite à une plainte de deux enfants de Serge Dassault, notamment pour extorsion de fonds (Il reconnait avoir laissé des messages téléphoniques pour réclamer de l'argent). Pourquoi aurait-il été payé? Pour son "travail" de "militant", ce sont ses mots :  

" Il y a plusieurs groupes aux Tarterêts. Dans mon équipe on était huit. Le soir de l'élection, on se pointe devant l'école, et si on voit quelqu'un qu'on connait on lui dit: tu vas voter ? Vote pour Dassault. Après, nous, on n'est pas dans l'isoloir, est-ce qu'il a voté Dassault, c'est son secret à lui. On a fait un travail efficace. C'est des places très dures à avoir, j'ai eu de la chance. "


Il reconnait qu'il a un pass judiciaire mais là dit-il, "vous gagnez de l'argent sans faire de mal à personne".

Pourtant le sang a coulé au début de l'année à Corbeil. Deux blessés par balle: en janvier, Rachid Toumi, qui témoigne ensuite dans le Parisien : "l'argent de Dassault a tout pourri. (...) on est en train de s'entretuer". Le climat n'a jamais été aussi tendu estime Bruno Pirioux, opposant communiste :

" Il y a un avant et un après les coups de feu dans une ville. Ce qui est détestable c'est que ce sont des individus qui ont été copains de jeunesse, dont les familles se connaissent, qui en arrivent à se tirer dessus, pour l'argent a priori distillé par Serge Dassault."

En février un deuxième homme est visé, devant témoin, par une figure connue, qui a travaillé pour la mairie. Encore handicapée aujourd'hui, la victime est l'un des auteurs de l'enregistrement clandestin dont Mediapart a publié des extraits, et dans lequel Serge Dassault reconnait avoir donné de l'argent. Ce nouvel élément ne semble pas ébranler Jean-Pierre Bechter, qui nous répond à la sortie conseil municipal :

" Cela ne change strictement rien. Ce qui change à Corbeil aujourd'hui c'est qu'on ouvre une maison pour handicapés de la fondation Serge Dassault, le reste ne change pas. J'ai huit cents voix d'avance en 2010, comment on achète huit cents voix ? Mon élection n'a jamais été contestée."


Selon le communiqué de ses avocats, "Serge Dassault confirme avoir été l'objet, depuis plusieurs années, de demandes pressantes de remises d'argent par divers individus qui avaient été informés de sa générosité en faveur des actions philanthropiques [...]. Afin de mettre un terme à ces exigences, parfois très insistantes, Serge Dassault avait pris pour parti de répondre systématiquement qu'il ne donnerait plus d'argent à qui que ce soit".

Jean-Pierre Bechter a été brièvement placé en garde à vue cet été dans l'enquête sur les fusillades. Le sénat a refusé la levée de l'immunité parlementaire de Serge Dassault, qui sera entendu le 2 octobre, par les juges d'instruction d'Evry, comme témoin assisté.


mardi 24 septembre 2013

Allemagne : il n’y a pas de miracle mais une guerre de classe


Alors que la crise a renversé les majorités dans toute l’Europe, la réélection de Merkel pour un troisième mandat, fait figure d’exception. Une exception qu’on nous explique par le prétendu miracle économique allemand.

L’Allemagne aurait traversé la crise « sans encombre » entend-on. Du point du vue de la bourgeoisie, il n’y a pas de doute ! Elle a profité de la crise pour restructurer, rentabiliser et gagner en compétitivité. Et elle l’a fait de la seule façon possible : contre les travailleurs. Les méthodes sont connues : chômage partiel, baisses de salaire, licenciements, explosion de l’intérim.

Affirmer aujourd’hui que l’Allemagne a « éradiqué le chômage de masse » est un mensonge révoltant. Il y a toujours 3 millions de chômeurs. Et surtout ce chiffre cache 8 millions de travailleurs pauvres.

L’Allemagne bat des records d’inégalités. De plus en plus de travailleurs en sont à cumuler deux, trois petits boulots pour vivre. Des retraités doivent se remettre à travailler à 65, 67 ans. L’espérance de vie régresse dans certaines régions. Voilà ce que les défenseurs du capitalisme appellent une « réussite ». Voilà ce qu’est pour eux, un pays prospère et compétitif;

Communiqué - Nathalie Arthaud


lundi 23 septembre 2013

Brèves

" L'impôt saigne le malheureux" comme le dit l'Internationale

Le gel du barème de l’impôt sur le revenu décidé par Sarkozy avait rendu imposables un million de foyers supplémentaires. 

Cette année, la décision de Hollande-Ayrault de maintenir ce gel rend imposables de 1,2 à 1,6 million de foyers supplémentaires qui, en plus de l’impôt sur le revenu, devront payer la taxe d’habitation ou la redevance audiovisuelle, et perdront certains droits qu’ils avaient en tant que non-imposables.

Moscovici, ministre de l’Économie, reconnaît les chiffres mais répète que le barème sera de nouveau indexé sur l’inflation l’an prochain. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient mais en attendant, aujourd’hui, il fait les poches des plus modestes.



Propagande patronale sur le "miracle" et envers du décor en Allemagne pour les travailleurs


À la veille des élections générales allemandes, les reportages se multiplient sur le « miracle » qui permettrait à l’Allemagne d’avoir un taux de chômage très bas et d’échapper à la crise. Mais ce « modèle » qui fait rêver le patronat français, ce sont les travailleurs qui en font les frais.  

Huit millions de salariés allemands gagnent moins de 8,5 € de l’heure (soit moins que le smic français). Plus d’un million n’ont que des « mini-jobs » à 450 € par mois. 

Les contrats d’intérim explosent, certaines entreprises licenciant avant de rembaucher le même salarié en intérim sur le même poste, mais avec 300 ou 400 € de moins !

En Allemagne comme en France, il n’y a pas de miracle, mais une guerre de classe menée par la bourgeoisie contre les travailleurs. De part et d’autre du Rhin, il est urgent de préparer la contre-offensive.

mardi 17 septembre 2013

Corbeil-Essonnes : « le système Dassault » prend l’eau de toutes parts




LES EXTRAITS DES ENREGISTREMENTS SONT A ECOUTER  
SUR DAILYMOTION 
ET SUR LE SITE DE MEDIAPART





Le journal en ligne Mediapart, a publié, dimanche 15 septembre, sur son site, les extraits d’une conversation de Serge Dassault, patron milliardaire, ex-maire de Corbeil-Essonnes, où celui-ci reconnaît avoir payé pour s’assurer de la victoire de son successeur à la mairie de Corbeil, Jean-Pierre Bechter, lors de la campagne municipale de 2010. 

Enregistré à son insu par des « collaborateurs » qui venaient se plaindre de ne pas avoir touché leur part du gâteau, lors de la dernière campagne électorale, Dassault affirme en substance, dans ces extraits, que la source libanaise qui avait servi à payer la campagne était tarie, qu’il avait « donné l’argent », « qu’il ne pouvait plus donner un sou à qui que ce soit ». « Si c’est mal réparti –continue-t-il dans l’un des extraits- ce n’est pas de ma faute. Je ne vais pas payer deux fois. Moi j’ai tout payé, donc je ne donne plus un sous à qui que ce soit. Si c’est Younès, démerdez-vous avec lui. Moi je ne peux rien faire ». 

Des déclarations qui sonnent comme un aveu !  

 Ce fameux Younes, soi-disant « un brave homme », selon les propres mots de Dassault, un « entrepreneur » qui avait pignon sur rue, est aujourd’hui en cavale, car il est soupçonné d’avoir participé à une tentative d’assassinat, en février dernier, sur deux de ses comparses, mécontents du partage du butin de 1,7 millions d’euros, et qui avaient tenté de faire chanter le patron milliardaire.

Voilà des faits difficilement réfutables, qui viennent confirmer… ce que tout le monde savait déjà, à savoir que Dassault avait mis en place un système mafieux, clientéliste, « achetant des voix », pardon, « faisant des dons », s’appuyant, entre autres, sur des malfrats pour faire campagne et  se faire élire maire de Corbeil en 1995. Puis, lorsque son élection avait été invalidée pour fraude, en 2010, le système Dassault, bien huilé, avait permis à son homme-lige, l’actuel maire, de se faire élire à sa  place, avec les mêmes méthodes. Mais voilà, quand le bateau prend l’eau de toute part, les rats quittent le navire, balançant tout par-dessus bord. Les malfrats, autrement dit certains « collaborateurs » se canardent en pleine rue, à Corbeil, pour le partage du magot, n’hésitant pas à mordre la main nourricière, balançant tout dans la presse. Dassault est pris dans le piège d’un système de corruption qu’il a contribué à mettre en place dans la ville, depuis plusieurs décennies. 

Dassault est, paraît-il, aux abonnés absents. Bechter, l’actuel maire, chiraquien de la première heure, nie tout en bloc et affirme en substance que les Tarterêts, cité de Corbeil, est une « succursale d’Hollywood » où l’on trouve toute sortes d’enregistrements, mêmes les faux les plus grossiers. 

Ne pouvant nier l’évidence, il fait monter au créneau ses avocats qui n’ont pas traîné pour allumer des contre-feux. Ils ont inventés une belle histoire, faites d’eau de rose et d’images d’Epinal, publiée dans Le Figaro du mardi 17 septembre, (quoi de mieux pour se défendre que de le faire dans les colonnes du journal, propriété de leur client), expliquant  que Dassault aurait été victime de sa propre générosité ! A les entendre, celui-ci  aurait  été l'objet, depuis plusieurs années, « de demandes pressantes de remise d'argent par divers individus », « qui étaient informés de sa générosité en faveur d'actions philanthropiques ». Et la main sur le coeur (… et sur le portefeuille), n’écoutant que sa légendaire générosité, le magnat de la presse et de l’armement aurait utilisé « sa fortune pour porter aide ou secours », à «  des familles ou à des jeunes en difficulté ou désireux de lancer des projets professionnels », et de leur « accorder un soutien financier ». Mais « toujours en dehors de toute démarche électorale » précisent-ils. 

On en pleurerait presque ! 

Les sénateurs qui ont refusés de lever l’immunité parlementaire de Dassault, en juillet dernier, afin qu’il soit entendu par la justice, devraient écouter les extraits de l’enregistrement ! Cela les aidera à mieux se renseigner  sur les méthodes peu orthodoxes de leur cher collègue !

DANS LA PRESSE A PROPOS DE DASSAULT



ARTICLE DE MARIANNE
Serge Dassault le marchand de voix
Lundi 16 Septembre 2013
Thibault Le Berre‏

Mediapart a publié dimanche une bande audio sur laquelle l’industriel milliardaire et sénateur UMP, Serge Dassault, reconnaitrait avoir acheté des voix lors de la dernière élection à Corbeil-Essonnes en 2010.

Nouveau pavé dans la mare de Corbeil-Essonnes. Mediapart a publié dimanche trois extraits d’un enregistrement clandestin où le propriétaire du quotidien Le Figaro, Serge Dassault, et ancien maire de la ville, est censé avoir une conversion avec deux individus durant laquelle est mentionnée une somme de 1,7 millions d’euros pour assurer la victoire de Jean-Pierre Bechter, son successeur, lors de la campagne municipale de 2010.
 
Mediapart affirme avoir authentifié la voix de sénateur UMP et s’être assuré qu’il n’y avait pas de montage. Réalisé fin 2012, l’enregistrement clandestin, déjà évoqué par le Canard Enchaîné, révèlerait des paiements effectués à partir du Liban pour financer l’achat de voix. L’actuel maire de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter confie au site d'information en avoir déjà entendu parler mais déclare « n’en (avoir) rien à foutre. » « En bon Chiraquien, je vous dirai que ça m’en touche une sans faire bouger l’autre » poursuit-il. 

L’ancien député RPR de Corrèze ajoute par ailleurs ne pas avoir évoqué l'existence de l’enregistrement avec le principal intéressé, Serge Dassault et tente de discréditer les propos qui lui sont prêtés. « Peut-être qu’il se fout d’eux. Moi j’ai été élu sans verser un euro. Je n’ai jamais entendu parler d’achat de voix. Il y avait un magistrat dans chaque bureau de vote. J’ai été élu avec 750 bulletins d’avance. Comment voulez-vous acheter 800 voix ? Ca couterait une fortune. Et de toute façon, un mois avant l’élection, grâce aux sondages, on savait que j’allais gagner. Je ne vois pas pourquoi il aurait dépensé un euro. Et aucun de mes adversaires politiques n’a d’ailleurs contesté mon élection » conclut-il.
 
Les soupçons et les accusations de corruption lors de la campagne municipale de Corbeil-Essonnes ne sont pas nouveaux.
Le Conseil d’Etat avait déjà annulé, dans une décision du 22 mai 2009, la victoire de Serge Dassault lors de l’élection municipale du 16 mars 2008. L'invalidation de ses comptes de campagne l'avait ainsi rendu inéligible pour une durée d’un an, en raison justement des « éléments qui établissent l’existence de pratiques de dons en argent d’une ampleur significative à destination des habitants de la commune. » Si « l’ampleur de ces dons en argent ne peut être précisément déterminée, ces faits ont été, eu égard à l’écart de voix, de nature à altérer la sincérité du scrutin et à en vicier les résultats » précise la Cour. 

 
Un an plus tard, le Conseil d’Etat sévit à nouveau en annulant l’élection municipale d'octobre 2009. Jean-Pierre Bechter l’avait emporté avec un écart de 27 voix sur son concurrent Michel Nouaille, (Parti communiste Français - PCF). Cette fois, le bras droit de Serge Dassault avait, en infraction au code électoral, fait apparaître sur ses bulletins la mention «  Secrétaire général de la fondation Serge Dassault », ce qui selon la Cour était susceptible de causer une confusion dans l’esprit de certains électeurs sur les enjeux exacts du scrutin. L'instruction a prouvé de surcroît que « pendant la campagne électorale, M. Bechter et M. Dassault ont affirmé, à plusieurs reprises, que, si le premier était candidat, le second continuerait, en cas de victoire, à exercer une influence déterminante sur la gestion municipale ». Jean-Pierre Bechter a malgré tout remporté l'élection après la tenue d'un troisième scrutin.


Les prochaines élections en 2014 seront-elles compromises pour le clan après l'ouverture fin mars d'une information judiciaire - concernant les campagnes municipales de 2008 et 2010 - pour soupçons de « blanchiment », « d’abus de biens sociaux », de « corruption » et d’«achats de vote»?


Source :
http://www.marianne.net

ARTICLE DU MONDE

Corbeil-Essonnes : Serge Dassault convoqué par les juges comme témoin assisté

Le Monde.fr |

Les avocats de l'ancien maire UMP de Corbeil-Essonnes Serge Dassault ont vivement réagi lundi soir à la diffusion, par Mediapart, de trois extraits d'un enregistrement clandestin où l'industriel reconnaît avoir versé de l'argent pour s'assurer de la victoire de son dauphin aux dernières municipales. Dénonçant un "enregistrement pirate" et "illicite" où ils ne voient que des "morceaux choisis, sortis de leur contexte" et sans "garantie sur la date (...), ce qui autorise tous les amalgames", Mes Jean Veil et Pierre Haïk ont eux-mêmes annoncé que leur client était convoqué par les juges d'Evry le 2 octobre pour être entendu en tant que témoin assisté.

La justice enquête à Corbeil-Essonnes, ville dont le sénateur UMP a été maire une quinzaine d'années (1995-2009), sur deux affaires distinctes : l'une instruite à Paris concernant des soupçons d'achats de voix aux élections, et une autre instruite à Evry sur deux tentatives d'homicide, commises en janvier et février 2013, et qui pourraient être liées.
Dans les extraits sélectionnés par Mediapart à partir d'un "enregistrement clandestin réalisé fin 2012" d'une durée de 24 minutes, l'industriel, dont le site dit avoir identifié la voix, "admet" avoir "payé pour s'assurer de la victoire" de son dauphin, Jean-Pierre Bechter, aux municipales de 2010. Il est également question dans cet enregistrement, dont Le Canard enchaîné avait fait état en décembre 2012, de paiements depuis le Liban et d'une surveillance policière.
Des achats de voix dénoncés depuis des années par l'opposition municipale, qui avait contesté à deux reprises les élections, en 2008 puis en 2009. Selon le site d'information, les deux hommes à l'origine des enregistrements, habitants de Corbeil-Essonnes, ont été visés par des tirs trois mois après leur diffusion. 

"UTILISER SA FORTUNE POUR PORTER AIDE OU SECOURS"
Sans nier qu'il s'agisse bien dans l'enregistrement de la voix de leur client, les avocats arguent que Serge Dassaut a bien fait l'objet "de demandes pressantes de remise d'argent par divers individus qui avaient été informés de sa générosité" et contre lesquels il a porté plainte.
Ils soulignent par ailleurs que leur client "ayant toujours eu à cœur d'utiliser sa fortune pour porter aide ou secours, quand cela lui paraissait utile et opportun, à des familles ou à des jeunes en difficulté", il lui est arrivé "d'accorder un soutien financier, mais toujours en dehors de toute démarche électorale".

"L'ARGENT A ÉTÉ DONNÉ, COMPLÈTEMENT"
Le 3 juillet, le Sénat avait refusé pour "défaut de motivation" la demande de lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault, que des juges d'Evry souhaitaient entendre sous le régime de la garde à vue.
L'élection municipale de 2008, qui avait vu la réélection de Serge Dassault, avait été invalidée en 2009 par le Conseil d'Etat pour des dons d'argent que l'industriel, dont la fortune est estimée à 9,9 milliards d'euros par le magazine Challenges, a toujours contestés. Les avocats du milliardaire expliquent que "certains individus se sont acoquinés pour tenter de contraindre Serge Dassault à leur remettre des fonds."
Par ailleurs, durant les enregistrements, l'ancien maire reconnaît avoir commis des actes illégaux et avoir opéré des paiements occultes depuis le Liban. "L'argent a été donné, complètement. Moi, j'ai donné l'argent. Je ne peux plus donner un sou à qui que ce soit. Il n'y a plus de Liban. Il n'y a plus personne là-bas, c'est terminé. Moi, j'ai donné l'argent", dit-il.

ARTICLE DU PARISIEN

Corbeil-Essonnes: Mediapart publie un enregistrement de Serge Dassault

Publié le 15.09.2013, 21h50


Mediapart a publié dimanche des extraits d'une conversation de Serge Dassault susceptibles, selon le site d'information, de constituer une "pièce à conviction centrale" dans l'enquête sur la corruption électorale dans la ville de Corbeil-Essonnes dont le sénateur UMP est l'ancien maire. |  

Eric Piermont

Mediapart a publié dimanche des extraits d'une conversation de Serge Dassault susceptibles, selon le site d'information, de constituer une "pièce à conviction centrale" dans l' sur la corruption électorale dans la ville de Corbeil-Essonnes dont le sénateur est l'ancien maire. "Cette fois, Serge Dassault ne pourra pas nier", écrit Mediapart, assurant que l'enregistrement et la voix de l'industriel ont été dûment authentifiés.

Le sénateur UMP n'avait pu être immédiatement joint par l'AFP dimanche soir, pas plus que son successeur à la mairie de Corbeil, Jean-Pierre Bechter. Ce dernier a assuré à Mediapart avoir été élu "sans verser un " et n'avoir "jamais entendu parler d'achat de voix".

Mediapart publie trois extraits d'un "enregistrement clandestin réalisé fin 2012" que le site dit avoir écouté dans son intégralité. L'industriel milliardaire y "admet" avoir "payé pour s'assurer de la victoire" de Jean-Pierre Bechter aux municipales de 2010.

Il est notamment question dans cet enregistrement, dont le Canard Enchaîné avait fait état en décembre 2012, de paiements depuis le Liban et d'une surveillance policière.

La justice enquête à Corbeil-Essonnes, ville dont le sénateur UMP a été maire une quinzaine d'années (1995-2009), sur deux affaires, une concernant des soupçons d'achats de voix aux élections, et une autre des tentatives d'homicide qui pourraient être liées.

Le 3 juillet dernier, le Sénat avait refusé, pour "défaut de motivation" de la demande, de lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault, que des juges d'Evry souhaitaient entendre sous le régime de la garde à vue.

La justice, qui n'a pas établi de lien entre les tentatives d'assassinat et des achats de voix présumés, enquête sur ces deux volets, de façon distincte, à Evry pour le premier dossier et à Paris pour le deuxième.

Les achats de voix sont dénoncés depuis des années par l'opposition municipale, qui avait contesté à deux reprises les élections, en 2008 puis en 2009.

L'élection municipale de 2008, qui avait vu la réélection de Serge Dassault, avait été invalidée en 2009 par le Conseil d?Etat pour des dons d'argent que l'industriel, dont la fortune est estimée à 9,9 milliards d'euros par le magazine Challenges, a toujours contestés. Jean-Pierre Bechter lui avait ensuite succédé mais le sénateur reste omniprésent dans la ville de Corbeil.

vendredi 13 septembre 2013

Aujourd’hui, samedi, dimanche


Lutte Ouvrière à la fête de l’Humanité
 
Comme les années précédentes, Lutte Ouvrière tiendra un stand pendant les trois jours de la Fête de L’Humanité : vendredi 13, samedi 14 et dimanche 15 septembre. Il sera situé avenue Frida Kalho.
 
Dans le stand Lutte Ouvrière, vous trouverez :
 
- Des débats : vendredi à 19 h, samedi à 16 h et à 20 h, et dimanche à 14 h,

- Un espace librairie avec des ouvrages sur le mouvement ouvrier et les publications de Lutte Ouvrière.