samedi 12 décembre 2015

Grève à l'entrepôt ID Logistics de Lisses

Préparateurs de commandes, contrôleurs, caristes approvisionneurs, tout le personnel de l’entrepôt ID Logistics de Lisses (91) s’est mis en grève dans la nuit de lundi à mardi 8 décembre. Du jamais vu dans l’entreprise, réputée pour ses conditions de travail très dures, et un emploi intensif d’intérimaires (60% de l’effectif de « production »). Le quotidien du travail, c’est des cadences infernales qui contraignent beaucoup, pour obtenir la prime de rendement indispensable à « décoller du SMIC » et faire vivre sa famille, à raccourcir les pauses, à s’abimer le dos et les bras, à travailler dans des conditions dangereuses vu l’intense activité dans les allées de l’entrepôt. Les accidents du travail, parfois graves, y sont fréquents. 

Aussi, l’annonce de la suppression du système actuel  de primes qui nous obligerait sous peine de retomber à 1060€ de paye mensuelle, à augmenter encore beaucoup les cadences a provoqué la révolte unanime des personnels, chacun jugeant ces nouveaux quotas irréalisables.

 La direction n’a pas mis longtemps pour mettre en place tout un scénario pour intimider les grévistes. Provocations de directeur déambulant au milieu des deux cents grévistes, accusations mensongères dictées à l’huissier, assignation en référé de 46 grévistes choisis au hasard…

Tout cela est bien dans la ligne d’un patron qui voulait appliquer son plan sans discussions au 4 janvier au seul motif –évidement invérifiable- que le marché passé auprès de la chaine « Intermarché » pour laquelle nous préparons les livraisons des rayons alimentaires de ces magasins en Ile de France, serait déficitaire de 3 millions d’euros cette année.   

La détermination et le ras-le-bol accumulé sont tels que les provocations de la direction n’ont pas fait renoncer un seul gréviste. 

Les grands entrepôts répartis le long de la Francilienne font vivre à tous les salariés, embauchés ou précaires, des conditions d’horaires et de travail infernales. Ils sont mis sous le chantage permanent  des donneurs d’ordres, les chaines d’hypermarchés, qui mettent régulièrement en concurrence les gros transporteurs, comme ID Logistics, Géodis, Khune et Nagel ou Norbert d’Entressangle. C’est cette organisation qui devra être un jour remise en cause par tous les salariés de ce secteur.

La montée du Front national : expression de la société capitaliste en crise

Un article du journal Lutte Ouvrière du 09 Décembre 2015

Plus que ses résultats en pourcentage, c’est la progression du nombre de votants pour le FN qui est importante. De 2 223 808 aux élections régionales en 2010, le nombre de votants pour le FN était passé à 4 672 932 aux européennes de 2014. Aux régionales du 6 décembre, ce nombre a atteint 6 004 482.
C’est l’augmentation continue depuis plusieurs années du nombre d’électeurs qui pèse sur la vie sociale et politique avant même que l’on sache si le FN parviendra, ou pas, à conquérir l’exécutif d’une ou plusieurs régions.
Cette croissance combine deux évolutions de nature différente. Elle résulte de la recomposition de l’électorat de droite, en gros la petite bourgeoisie, nombreuse dans ce pays, des commerçants, petits patrons, artisans, possédants en tout genre et cadres plus ou moins haut placés dans les entreprises. Des électeurs qui votaient auparavant pour les grands partis de droite, déçus du passage au pouvoir de ces partis, dégoûtés par les guerres de chefs, se sont, dans ces élections, massivement tournés vers le FN.
Il y a depuis longtemps un système de vases communicants entre l’électorat de droite et celui d’extrême droite. Sarkozy se vantait, en 2007, d’avoir réussi à « siphonner » l’électorat d’extrême droite pour se faire élire. Depuis plusieurs élections, c’est le FN qui « siphonne » l’électorat de l’ex-UMP, Les Républicains.
Cela montre qu’il n’y a pas une muraille de Chine entre la droite et la droite extrême, ni pour ce qui est des chefs, ni pour ce qui est de l’électorat. D’autant plus lamentables sont les déclarations des dirigeants du PS qui ont choisi le soir même de leur débâcle du premier tour de se retirer devant les listes de droite en les présentant, toute honte bue, comme des remparts contre le FN…
Cette évolution de l’électorat de droite vers l’extrême droite est un des aspects de l’évolution réactionnaire de la société. Ce n’est pas le plus important.
Plus pesante est pour l’avenir cette autre évolution qui fait qu’une partie de l’électorat ouvrier, après avoir été déçue, trahie par les grands partis réformistes pour lesquels elle avait l’habitude de voter, s’est tournée vers le FN.

L’écœurement de l’électorat ouvrier

Bien sûr, l’écœurement de l’électorat ouvrier à l’égard des partis qui prétendaient le représenter dans le passé s’est manifesté, dans ces élections régionales comme dans les précédentes, bien plus par l’abstention que par le vote FN.
Dans les quartiers ouvriers, le vote pour le FN côtoie une abstention importante. Derrière la stabilité du taux d’abstention global se cachent des différences importantes. De 47,70 % à Neuilly, ce taux est de 71,71 % à Aubervilliers, 72,89 % à Bobigny, 75 % à Vaulx-en-Velin ! Et ces taux ne tiennent pas compte de ceux qui ne sont même plus inscrits sur les listes électorales, sans parler de ceux, nombreux parmi les travailleurs, qui n’ont pas le droit de vote.
Mais la politique, comme la nature, a horreur du vide. En l’absence d’une force capable de porter la perspective politique propre à la classe ouvrière et en l’absence de conscience de classe, le FN apparaît comme porteur d’espoir, en vertu de l’illusion que comme « on ne l’a jamais essayé », il ne peut pas être pire que les autres.
Ceux qui expliquent le succès du FN par des raisons circonstancielles comme les attentats ou la « crise des migrants » se trompent. Ces événements ont joué un rôle de catalyseur. Mais l’accroissement de l’influence électorale du FN est continu depuis longtemps. Faut-il rappeler qu’en 2002, cet électorat avait propulsé Le Pen père au deuxième tour, en éliminant au premier tour Jospin, le Premier ministre socialiste d’alors ? À l’époque déjà, toutes les bonnes âmes de « gauche » justifiaient leur soutien à l’homme de droite Chirac en affirmant que ce vote « républicain » ferait barrage au Front national… On a vu ce qu’il en était dix ans après, à la présidentielle de 2012, où plus de 6 millions d’électeurs s’étaient prononcés pour Marine Le Pen, 1,6 million de plus que pour son père !
En remplaçant au fil du temps le drapeau rouge de la classe ouvrière par le drapeau tricolore souillé de la bourgeoisie, l’Internationale par la Marseillaise, en prônant l’identité des intérêts des travailleurs avec ceux de leur bourgeoisie nationale à la place de l’identité des intérêts des prolétaires de tous les pays, en banalisant parmi les travailleurs quelques-unes des idées les plus crasses de la société bourgeoise, du chauvinisme jusqu’au racisme, les partis réformistes, PC en tête, ont une responsabilité écrasante dans le fait de brouiller les références de la classe ouvrière et de miner sa conscience de classe. Les périodes de gouvernement du PS avec la participation du PC, sous Mitterrand puis derrière Jospin, ont fait le reste. Cette servilité à l’égard du grand patronat, c’était donc cela, la politique socialiste, adoubée par un parti qui se disait communiste ?
Le FN n’a pas seulement tiré profit de l’écœurement provoqué dans la classe ouvrière par la politique de la gauche au pouvoir, il n’a eu qu’à reprendre à son compte et pousser à l’extrême quelques-unes des idées réactionnaires réintroduites dans la classe ouvrière par les partis réformistes, PC en tête.
Et la crise de l’économie capitaliste, l’explosion du chômage, le désespoir des masses populaires, ont offert le terreau sur lequel la collection de préjugés du Front national, le néant de ses idées, ont pu se transformer en espoir de changement aux yeux d’une fraction des classes populaires.

L’expression d’une crise profonde

La croissance de l’influence du FN parmi les travailleurs, conséquence du recul de la conscience de classe, en est devenue un facteur aggravant. Sa montée électorale aux régionales est incontestablement une des manifestations de la désorientation de l’électorat populaire et de la perte de repères de la classe ouvrière.
Mais, bien au-delà, elle exprime la crise profonde de la société capitaliste. Une crise économique, sociale et politique qui se reflète dans le chômage de masse, dans le parasitisme sans précédent de la finance, dans la décomposition avancée de la société, dans les politiques guerrières, dans le terrorisme. Aussi variées que soient ces expressions, elles ont toutes les mêmes racines et elles s’alimentent mutuellement.
Le parlementarisme bourgeois, avec ses partis qui se relaient au pouvoir pour défendre par des moyens dits civilisés la domination de la bourgeoisie, ne fonctionne – et, encore, seulement dans quelques dizaines de pays impérialistes riches – que dans des périodes où l’économie, basée sur l’exploitation, roule tant bien que mal.
Ce n’est plus le cas. La crise de confiance de l’électorat dans les partis traditionnels et, partant, dans le système de l’alternance parlementaire lui-même se généralise en Europe. La montée du FN ne consacre pas seulement l’enterrement du bipartisme au profit du tripartisme. Ce n’est, en fait, qu’une ultime tentative de remplacer l’alternance gauche-droite par une alternance FN-partis traditionnels.
Mais cette nouvelle illusion dont la société bourgeoise voudrait gaver l’électorat populaire ne pourra pas durer. Le FN ne peut évidemment guérir aucun des maux de l’ordre capitaliste qu’il sert, comme les autres partis. Il ne peut que les aggraver. Sa percée électorale est le dernier avatar du parlementarisme bourgeois. Il est le signe que celui-ci, basé sur le mensonge en haut et la crédulité en bas, est moribond.

Un système capitaliste sans avenir

En guise de vie politique, le système capitaliste n’a rien d’autre à proposer dans un pays comme la France, qui fait partie des puissances impérialistes les plus riches de la planète avec son passé et sa civilisation, qu’une formation politique qui trouve toutes ses idées dans les poubelles de l’histoire : racisme, misogynie, repliement dans un communautarisme identitaire, haine des autres, étouffement des libertés démocratiques.
Prétendre opposer à cette crise de dérisoires combinaisons politiques, des lamentations ou des coups de menton de la part de chefs de partis qui ont perdu tout crédit mais qui prétendent quand même incarner la résistance au Front national, est stupide. Tous ces gens-là, en tout cas l’armada de leurs seconds couteaux, se coucheront devant le FN s’il continue à progresser et finit par s’approcher du pouvoir. Ils le font déjà dans le domaine des idées et dans leur langage.
Alors, il faut rejeter leur jeu, pas seulement à cause de leurs responsabilités dans la situation présente, mais surtout en raison de leur incapacité d’offrir une perspective pour l’avenir. Cette perspective ne peut pas être offerte dans le cadre d’un système capitaliste profondément en crise. Elle ne peut être offerte que par la classe ouvrière, la seule à avoir un intérêt fondamental et la force de combattre efficacement le système capitaliste dans son ensemble et la seule, surtout, à pouvoir le renverser.
La durée même de la crise, en plongeant des millions d’exploités dans la pauvreté et le désespoir, a porté sur le devant de la scène politique ce que la société bourgeoise a de plus réactionnaire, de plus abject.
Mais, en bouleversant les règles du jeu politique et les certitudes, elle pose la question de l’avenir de la société plus clairement qu’à l’époque du ronronnement paisible du parlementarisme bourgeois. Rappelons cependant que ce doux ronronnement dans les pays impérialistes n’a jamais cessé d’avoir pour fondement l’exploitation ici même et le pillage des trois quarts de la planète préservé par des dictatures et, au besoin, par des interventions armées.
La société n’a pas d’avenir sur les bases capitalistes. L’avenir de la société est entre les mains de la classe ouvrière et entièrement suspendu à la rapidité avec laquelle elle retrouvera sa conscience de classe.
Georges KALDY

mercredi 9 décembre 2015

Les résultats de Lutte ouvrière aux élections régionales

Communiqué

07/12/2015 
Nous présentons ci-joint les résultats de Lutte ouvrière par région et par département. Rappelons que Lutte ouvrière se présentait dans toutes les régions métropolitaines à l’exception de la Corse, ainsi qu’à l’île de La Réunion.
Lutte ouvrière totalise donc 320 054 voix (1,5 %) dans les 13 régions où nous nous présentions. C’est en progrès par rapport aux élections régionales de mars 2010 (206 229 voix, soit 1,09 %) et aux élections européennes de mai 2014 (213 633 voix, soit 1,14 %), dont nous présentons ci-dessous les résultats, pour comparaison. Nos camarades de Combat ouvrier obtiennent 1992 voix (1,42%) en Guadeloupe et 2460 voix (2,04 %) à la Martinique.

Ces résultats sont certes modestes. Mais, dans un contexte de poussée à droite, ils ne sont pas sans importance. Ceux qui ont voté pour les listes de Lutte ouvrière ont clairement voulu faire entendre le camp des travailleurs. Ils se sont opposés à la politique pro-patronale du gouvernement PS, tout en rejetant la droite et l’extrême droite. Ils se sont prononcés pour que la classe ouvrière se dote d’un parti qui représente réellement ses intérêts. Ces voix compteront pour l’avenir.

Après le premier tour des élections régionales du 6 décembre 2015

Communiqué
06/12/2015
Les résultats de ce premier tour des élections régionales reflètent l’évolution réactionnaire de la société en même temps que la désorientation de l’électorat populaire et la perte de repères de la classe ouvrière.
L’expression la plus frappante de cette évolution est la progression en voix du Front national dans la quasi-totalité des régions, ce qui a permis au parti d’extrême droite d’arriver en tête dans six d’entre elles.
L’expression électorale du recul ne se limite cependant pas à cela. La campagne électorale de la droite a été entièrement dominée par sa compétition avec l’extrême droite sur le terrain de cette dernière.
Quant au Parti socialiste, non seulement il a repris à son compte le langage sécuritaire du FN, mais étant au pouvoir, il en a réalisé l’application en instaurant l’état d’urgence, d’une efficacité limitée pour combattre l’horreur terroriste mais qui étouffe la contestation de la politique gouvernementale sur sa gauche et pèse sur les mouvements sociaux.
Le FN encaisse les dividendes électoraux de la banqueroute du PS au pouvoir. Il est significatif qu’il réalise un de ses meilleurs scores dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, région à forte tradition ouvrière. Une partie de l’électorat traditionnel du PS et du PC, écœurée par la politique du gouvernement, ses reniements et sa servilité vis-à-vis du grand patronat, s’est abstenue. D’autres électeurs se sont ajoutés à l’électorat traditionnel de l’extrême droite, faisant du FN le parti le plus influent de la région. C’est une partie de son propre électorat que la gauche réformiste a poussée dans les bras du FN.
C’est l’aboutissement de décennies d’évolution politique où les partis qui prétendaient représenter le monde du travail ont renié, au fil du temps, toutes les valeurs du mouvement ouvrier et foulé au pied les intérêts des travailleurs dès qu’ils étaient au gouvernement.
Ces partis ne s’en relèveront peut-être pas, mais la classe ouvrière, elle, se relèvera.
Le FN est un parti aussi dévoué aux intérêts de la grande bourgeoisie, qui domine la société capitaliste, que les partis de droite et le PS, mais avec un langage plus réactionnaire encore et, si les circonstances s’y prêtent, avec des méthodes plus ouvertement anti-ouvrières.
La classe ouvrière n’a cependant rien perdu de la force que lui donnent son nombre et sa place incontournable dans l’économie. La tâche la plus importante de notre époque pour ceux qui se revendiquent du camp des travailleurs, pour les militants ouvriers, est d’œuvrer pour que la classe ouvrière retrouve confiance en sa force et pour qu’elle retrouve la conscience du rôle qu’elle est la seule à pouvoir jouer contre toutes les formes de barbarie en combattant leur fondement commun : l’exploitation.
Les travailleurs n’ont jamais eu à espérer un changement de leur sort par les élections. Ils n’ont pas non plus à s’en désespérer. Le rapport de force entre la bourgeoisie exploiteuse et les masses exploitées ne se détermine pas dans les urnes, mais dans les affrontements de classe. Nous faisons pleinement confiance à la classe ouvrière et à sa capacité à retrouver la conscience de ses intérêts politiques et de sa force.
Dans les régions où le FN risque de conquérir l’exécutif régional, ce sont les coalitions de droite qui viennent en deuxième position.
Tout en rejetant le Front national, il n’est pas question pour Lutte ouvrière de défendre auprès de son électorat l’idée que des hommes de droite, avec des idées aussi crasseuses, puissent servir de rempart contre le parti d’extrême droite. Quant à voter pour une liste socialiste, cela ne servirait à rien et ce serait remercier le PS d’avoir fabriqué le succès de l’extrême droite.
Gauche gouvernementale, droite ou extrême droite, elles sont toutes prêtes à s’en prendre aux immigrés, aux associations, aux libertés publiques. Celles qui ont une parcelle de pouvoir le font déjà. Ce n’est pas aux travailleurs conscients de choisir laquelle des cliques bourgeoises prendra les mesures contre les classes populaires.
Il ne reste aux électeurs du monde ouvrier qui refusent au deuxième tour de choisir entre la peste et le choléra, non par désintérêt pour la politique mais par conscience, qu’à glisser dans l’urne un bulletin affirmant son appartenance au « camp des travailleurs ».
Les élections régionales passées, les travailleurs auront à se défendre contre le grand patronat et l’État par le seul moyen efficace : la lutte collective.
Quant à Lutte ouvrière, elle continuera à œuvrer pour que le camp des travailleurs se donne un parti qui représente réellement ses intérêts matériels et politiques.
Même s’ils ne constituent qu’une petite fraction de l’électorat populaire, ceux qui ont voté pour les listes Lutte ouvrière peuvent être fiers de représenter l’avenir, la renaissance du mouvement ouvrier capable de combattre la société d’exploitation et d’y mettre fin.

dimanche 22 novembre 2015

La France en guerre ? Leur guerre n’est pas la nôtre

Un article du journal Lutte Ouvrière

18 Novembre 2015 
 
Hollande, Valls, tous les politiciens et toute la presse répètent à l’envi que la France est en guerre. Cette guerre aurait officiellement commencé après les attentats contre le World Trade Center de New York, le 11 septembre 2001, et opposerait le camp des démocraties au terrorisme islamiste. Les massacres du vendredi 13 novembre à Paris en seraient le dernier développement.
Mais, quoi qu’en disent les commentateurs complaisants, ce monde de violences, de massacres, d’oppression et d’ignominies sans fin n’est pas né le 11 septembre, accouché par Ben Laden. Il est le résultat de l’expansion du capitalisme à toute la planète, une expansion qui s’est faite par le fer et par le feu, de la Chine à l’Afrique, du Moyen-Orient à l’Australie. Les populations ont été massacrées, réduites au travail forcé, déportées. Et, contrairement à ce que prétendent les défenseurs béats des démocraties impérialistes, cette domination prévaut encore, sous des formes à peine transformées.

Comment qualifier autrement la situation d’une grande partie de l’Afrique, ravagée par les dictatures, les guerres civiles, les épidémies, mais où les mines fonctionnent sous la protection de gardes armés et où les casernes françaises sont là pour assurer l’ordre ? Qu’est-ce donc que le Moyen-Orient sinon le champ clos d’affrontements barbares, autour des richesses pétrolières, détenues, en fin de compte, par les impérialistes ou leurs agents ?


Alors oui, la France, du moins la France du capital, est en guerre. En guerre depuis longtemps pour piller le morceau de planète qu’elle s’est taillé à coups de fusil, le conserver contre les autres vautours, le préserver contre les révoltes des peuples opprimés. Cette guerre a pris divers noms, expéditions d’Afrique ou du Tonkin, guerre du Rif, guerre d’Indochine ou d’Algérie et les multiples interventions d’aujourd’hui, aux noms poétiques, Harmattan, Serval ou Sangaris.
La France du capital est en guerre. Cette guerre de pillage n'est pas la nôtre. Les bombardements en Syrie contre Daesh font aussi des victimes civiles.                                                                                                                                                         .
La politique de terreur sur les populations est la norme dans cette guerre séculaire, comme elle le fut en Europe il n’y a pas si longtemps, comme elle peut le redevenir ici. Les tueurs de Daech ne sont hélas pas des extra-terrestres, mais des rejetons de ce monde malade. Et c’est à cette maladie qu’il faut s’en prendre.

Paul GALOIS

une censure inacceptable

Interdiction de la manifestation de soutien aux migrants à Paris  


Communiqué

19/11/2015 

Il est significatif qu’une des premières victimes de l’état d’urgence instauré par le gouvernement et soutenu par l’ensemble du personnel politique de la bourgeoisie soit la manifestation de solidarité en faveur des migrants, prévue dans la région parisienne pour le dimanche 22 novembre. Les préfets des départements de la région viennent de publier un arrêté « portant interdiction des manifestations sur la voie publique dans les départements de la région Ile-de-France ».

Réfugiés réclamant justice et demandant un logement décent
Justifié au nom de « la guerre contre le terrorisme », l’état d’urgence est utilisé contre ceux qui ont dû fuir leur pays précisément en raison de la terreur exercée sur la population notamment par l’État islamique, et contre ceux qui, ici en France, souhaitent exprimer leur solidarité avec eux.

L’interdiction de cette manifestation révèle clairement l’escroquerie du gouvernement qui consiste à détourner l’émotion légitime ressentie par toute la population devant l’horreur des attentats terroristes, pour tenter de l’embrigader derrière sa politique de va-t-en guerre au Moyen-Orient. 

Cette escroquerie bénéficie de la complicité de tous les partis politiques de la bourgeoisie, du Front national au Parti socialiste.

La prétention de protéger la population est un mensonge grossier. De la gauche gouvernementale à l’extrême droite, tous les partis se livrent à une surenchère de gesticulations qui non seulement sont inefficaces pour juguler les groupes terroristes mais contribuent à aggraver le climat de méfiance entre leurs victimes en fonction de leur origine. Instaurer la suspicion et la crainte, c’est ce que recherchent les groupes terroristes eux-mêmes.

Lutte ouvrière se joint à tous ceux qui protestent contre l’interdiction de la manifestation de solidarité avec les migrants, et considère que la censure que cette interdiction implique à l’égard de femmes, d’hommes, d’organisations qui rejettent clairement le terrorisme, est inacceptable.

Quand la barbarie du monde nous rattrape

ÉDITORIAL DES BULLETINS D'ENTREPRISE

16/11/2015
Au moins 129 morts et plus de 300 blessés ; les terroristes qui ont frappé vendredi soir ont tué froidement et méthodiquement le plus de femmes et d’hommes qu’ils ont pu : ceux qui étaient en terrasse, les spectateurs du Bataclan, ceux qui se trouvaient au Stade de France.

Ils ont tué indistinctement, au hasard, pour terroriser. Face à un tel déferlement de barbarie, on ne peut être que saisi d’horreur. Rien ne peut justifier de telles tueries. Ces actes viennent d’ennemis de toute l’humanité et par conséquent d’ennemis des travailleurs.   

Alors que nous sommes tous bouleversés, les principaux dirigeants profitent de cette émotion pour que l’on se taise et se range derrière leur politique. Lundi après-midi, toute la classe politique s’est solennellement réunie en Congrès pour en appeler à l’unité nationale derrière elle. La veille, Hollande avait reçu Sarkozy et Le Pen à l’Élysée.

Ils nous parlent d’unité, mais est-ce que la droite et le FN vont cesser leur surenchère nauséabonde contre les musulmans et les étrangers ? Est-ce que le gouvernement mettra fin à ce climat de méfiance généralisée ? Bien sûr que non ! Avec l’état d’urgence et le durcissement des mesures policières, il faut s’attendre à la multiplication des contrôles au faciès et à la suspicion généralisée qui fera le lit des pires racistes.

Pour Hollande, Sarkozy et Marine Le Pen, « l’unité nationale » consiste à s’unir derrière eux pour faire la guerre. Même si la droite et le FN critiquent la politique de Hollande qui serait encore trop laxiste, ils nous ordonnent tous de faire bloc derrière l’État et de soutenir l’effort de guerre, d’accepter l’état d’urgence et la limitation des libertés. Et si on ne soutient pas cette voie guerrière, c’est qu’on est avec les djihadistes, accusent-ils !
Eh bien, ne nous laissons pas impressionner par ce genre de chantage ! Il faut dénoncer ET les terroristes, ET les responsabilités de l’État français.

Les djihadistes de Daech exercent une des dictatures les plus féroces qui soient dans les régions qu’ils dominent. Ils rackettent les populations, les forcent à vivre selon des préceptes moyenâgeux, réduisent les femmes en esclavage et liquident ceux qui ne pensent pas comme eux. Leurs victimes sont autant musulmanes que chrétiennes, preuve s’il en fallait qu’il ne s’agit ni d’un « choc des civilisations » ni « d’une guerre de religions » mais d’une lutte pour le pouvoir et pour les richesses de la région. 

Mais ces monstres ne sont pas sortis de rien. Pour maintenir leur domination dans cette région du Moyen-Orient qu’ils avaient colonisée, les dirigeants des pays impérialistes n’ont jamais hésité à s’appuyer sur les pires régimes, sur des dictatures moyenâgeuses comme l’Arabie saoudite ou sur l’État d’Israël qui opprime le peuple palestinien.

Et lorsque cela les arrangeait, ils ont armé des groupes et manœuvré pour faire naître des oppositions. En Irak, les États-Unis ont renversé Saddam Hussein, détruit son armée et mis en place un régime qui a exclu les sunnites. On retrouve aujourd’hui ces derniers à la tête de Daech.

Les grandes puissances ont déclenché la « guerre contre le terrorisme » il y a 14 ans, après l’attentat du World Trade Center. À l’époque, il y avait un ou deux foyers terroristes. Aujourd’hui, il y en a des dizaines. Loin d’éradiquer le terrorisme, ces interventions impérialistes les nourrissent.

Il y a un mois, des terroristes frappaient en Turquie, faisant 97 morts. Il y a quinze jours, un avion russe se crashait sur le Sinaï : 224 morts. Jeudi dernier, à Beyrouth, une bombe a fauché 43 personnes. Quant à la guerre en Syrie, elle a déjà fait 250 000 morts. Alors, non, la barbarie n’est pas montée d’un cran depuis qu’elle a frappé Paris, elle nous a rattrapés.

La France ne peut pas être un îlot de sécurité et de paix dans un océan de misère et de guerres. Un monde où 67 familles possèdent l’équivalent de ce qu’ont, pour survivre, 3,5 milliards d’êtres humains, un monde où l’Afrique et le Moyen-Orient sont des eldorados convoités par les capitalistes mais des enfers pour leurs populations, ne peut qu’engendrer des monstruosités. On ne s’en débarrassera qu’en prenant le mal à la racine, c’est-à-dire à la domination de ce système économique fou.

Alors, ne nous laissons pas enrôler dans cette union sacrée des impérialistes ! Ne laissons ni Hollande, ni Sarkozy, ni Le Pen, parler en notre nom ! Il est vital que nous, les travailleurs, quelle que soit notre origine, nous nous sentions une classe unie par nos intérêts, pour nous défendre contre cette minorité qui nous exploite et plonge le monde dans la barbarie.

dimanche 15 novembre 2015

Apropos des attentats vendredi 13 novembre 2015


 Un communiqué de Nathalie Arthaud

Un massacre atroce et inqualifiable


14/11/2015

Massacrer des gens dans une salle de spectacle, dans des bars et des restaurants, aux abords d’un stade ; ceux qui ont perpétré hier plusieurs attentats, à Paris et à Saint-Denis, ont voulu faire le maximum de morts, aveuglément. Ces attentats sont des actes ignobles. Nous exprimons notre émotion et toute notre solidarité avec les victimes et avec leurs proches.
Quelles que soient les idées dont se réclament ceux qui ont perpétré ces attaques, ce sont des ennemis de tous les travailleurs. S’il se confirme qu’il s’agit d’islamistes, leur violence procède de la même barbarie que celle des djihadistes syriens ou irakiens, qui cherchent, par la terreur, à mettre en coupe réglée des populations entières, à réduire les femmes en esclavage et à liquider tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

L’horreur des attentats perpétrés à Paris et à Saint-Denis renforce ceux que leurs auteurs prétendent combattre. Ils renforcent l’État français, qui instaure l’état d’urgence et accroît les mesures policières. Ils renforcent l’extrême droite, ses discours haineux vis-à-vis des musulmans et des immigrés, et sa revendication d’un État plus fort. 

Nous partageons entièrement l’émotion de la population, et en particulier de tous les proches des victimes de ces attentats. Mais nous n’avons aucune solidarité avec l’État français et avec ses dirigeants politiques. Ceux-ci ont une large part de responsabilité dans les guerres qui ensanglantent aujourd'hui le Moyen-Orient, des guerres dont Paris a eu, hier soir, un écho sanglant.

C’est pourquoi Lutte ouvrière n’ajoutera pas sa voix au concert de l’unité nationale. Nous ne partageons rien avec les Hollande, les Sarkozy et les Le Pen. Toute notre solidarité va aux victimes et à leurs proches. Nous poursuivrons notre combat pour un monde débarrassé de l’obscurantisme, de l’injustice, de la domination impérialiste et de tous ses avatars.

Nathalie ARTHAUD

Un lien vers un exposé récent du Cercle Léon Trotsky dont le sujet était la barbarie des djihadistes et celle de l'impérialisme


Moyen-Orient : la barbarie des djihadistes et celle de l’impérialisme

jeudi 29 octobre 2015

Réunion publique


Liste Lutte ouvrière faire entendre le camp des travailleurs  (Ile-de-France)

à 20h30
Meeting avec Nathalie Arthaud  

vendredi 13 novembre à 20 h 30 

Grande salle de la Mutualité 
24, rue Saint-Victor Paris 5e métro Maubert-Mutualité
Entrée libre

Nathalie Arthaud dans les médias

Samedi 31 octobre
 
Lundi 2 novembre   
France 2 : Interview de Nathalie Arthaud  à 07h40

Lutte de Classe n°171 novembre 2015 est paru avec un article sur les élections régionales et bien d'autres sur l'actualité dans le monde

Quand la barbarie du monde nous rattrape

Editorial

26/10/2015
Bombardements, quartiers dévastés, attentats, assassinats, tortures, populations terrorisées par des régimes sanguinaires, réfugiés survivant dans des conditions infâmes : chaque jour la télévision et la presse amènent leur lot d’images barbares.

Cela se passe en Syrie, en Turquie, en Israël, dans les territoires palestiniens occupés. C’est en Irak, en Libye, au Yemen, au Nigeria ou en Afghanistan. C’est à des milliers de kilomètres d’ici. Mais même ceux qui veulent ne pas voir ne peuvent pas faire comme si cela n’existait pas.

Parce que les victimes de ces guerres sont jetées sur les routes par centaines de milliers et frappent aujourd’hui à nos portes. Parce qu’avec la menace du terrorisme, nous payons les contrecoups de ces oppressions et de ces guerres.

Et ce n’est pas un hasard : notre gouvernement est coresponsable de cet enfer. Parce qu’il bombarde en Irak et en Syrie. Parce qu’il apporte son soutien à l’État d’Israël, au gouvernement turc et aux dictatures du Golfe. Parce qu’il manœuvre en Afrique pour que la bourgeoisie française continue d’exploiter les richesses de ce continent. Cette barbarie ne peut pas ne pas rejaillir sur nous.

Elle aggrave d’ores et déjà le cours réactionnaire dans lequel l’Europe est engagée depuis quelques années. De partout en Europe, la crise, le chômage de masse et les politiques anti-ouvrières menées par tous les gouvernements, de gauche ou de droite, ont affaibli les partis gouvernementaux au profit de partis souverainistes anti-immigrés.

Ces partis d’extrême droite, pour différents qu’ils soient, ont en commun de s’appuyer sur des peurs et des préjugés et de les attiser. Ils sont partout profondément réactionnaires et anti-ouvriers.

Mais si l’extrême droite est championne du repli sur soi, elle n’est pas la seule force politique à pousser dans ce sens. La volonté affichée par tous les dirigeants européens de renforcer les frontières européennes, d’expulser ceux qui ne sont pas considérés comme de « vrais réfugiés » et même de rétablir des frontières au sein de l’espace Schengen, en témoigne.

Ici en France, sans même parler du Front national qui joue sur les préjugés les plus crasses, comment la droite et les socialistes présentent-ils les migrants ? Non pas comme des victimes, mais comme des indésirables ! Non pas comme des femmes et des hommes qui nous ressemblent, mais comme des « fardeaux » ! Qu’un élan de solidarité s’exprime, et la propagande mensongère et honteuse se met en marche pour marteler qu’il ne faut pas créer d’appel d’air.

Tout est fait pour que nous taisions nos sentiments de fraternité. Tout est fait pour nous convaincre que les migrants représentent une menace pour nous et nos enfants. Tout cela pour accréditer, ouvertement ou hypocritement, l’idée que le salut viendra du protectionnisme, de la méfiance à l’égard de l’étranger, des frontières voire des barbelés.

La France et la Grande-Bretagne - deux pays riches pour lesquels absorber quelques dizaines de milliers de migrants n’est pas un vrai problème - en sont à s’accuser mutuellement pour ce qui se passe à Calais. En Allemagne et en Suède, des minorités d’extrême droite s’organisent pour incendier des foyers de réfugiés. Combien d’autres racistes, portés par le climat actuel, se sentiront autorisés à s’attaquer aux immigrés ?

Dans les années 1990, en Yougoslavie, la démagogie xénophobe a débouché sur la constitution de milices puis sur la guerre civile. Il y a deux ans, dans l’est de l’Ukraine, on a vu comment ces mêmes réflexes ont dégénéré en escalade guerrière.

Si on n’y prend garde, la barbarie du monde, la xénophobie, les guerres nous rattraperont. Le nationalisme, la méfiance généralisée nous ont déjà rattrapés. Il faut que les travailleurs conscients prennent le contrepied de cette évolution délétère.

Ce n’est pas en se barricadant derrière des frontières qu’on se protégera du fléau du chômage, de la concurrence et de la misère du monde. Ces méfaits ne viennent pas de l’extérieur, mais de l’intérieur de notre société. Ils sont propres au capitalisme, et on ne s’en débarrassera qu’en renversant ce système.
Tout se tient : les bombes là-bas, l’exploitation et le chômage ici. Car elles ont une source commune, la course au profit et la domination d’une minorité sur toute la société.

La seule force capable de renverser cette domination est la classe ouvrière consciente de ses intérêts et organisée à l’échelle internationale. Cela commence par comprendre que toutes les victimes du capitalisme ont le même intérêt fondamental de mettre fin à ce système aussi injuste qu’inhumain.

mercredi 14 octobre 2015

Salariés d’Air France en garde à vue : la police et la justice au service de la hargne patronale


Communiqué

Après la hargne patronale, les aboiements serviles du gouvernement et de tous les leaders politiques de la gauche à l’extrême droite et le déchaînement médiatique, voilà la police et la justice qui se mêlent de l’affaire de la chemise déchirée, évidemment du côté patronal. Cinq travailleurs sont mis en garde à vue, des salariés de la division Cargo d’Air France qui travaillent au fret. C’est un des services auquel la direction de la compagnie a imposé le plus de sacrifices. Et ces travailleurs se sentent directement menacés par les réductions d’effectifs annoncés.

Après avoir essayé d’endormir les salariés d’Air France, de les diviser et de les démoraliser, la direction veut maintenant les mater. Tant que les travailleurs subissent l’exploitation et les licenciements sans renâcler, tant que le patronat porte les coups contre les travailleurs, les Sarkozy et les Hollande, la police et la justice ne trouvent rien à redire. Mais que les salariés essayent de rendre ces coups, qu’ils demandent des comptes au patronat et laissent éclater leur colère, et tout ce beau monde se ligue avec le patronat contre les travailleurs.

Les mêmes qui nous expliquent à longueur de journée que la lutte de classe n’existe plus, que les intérêts des travailleurs et du patronat concordent, prennent fait et cause pour le patronat contre les salariés, pour les licencieurs contre les licenciés, pour les exploiteurs contre les exploités. Alors, il faut arrêter toutes les poursuites à l’encontre de ces travailleurs qui n’ont fait que défendre leur seule richesse dans cette société, leur emploi. Et non aux suppressions d’emplois à Air France !
Nathalie Arthaud

 

À Air France et ailleurs, la lutte de classe existe bien

Editorial des bulletins d'entreprise
 
lundi 12 octobre 2015

« Scandaleux », « la chienlit » (Sarkozy), « des voyous » (Valls) : la hargne anti-ouvrière s’est déchaînée toute la semaine contre les salariés d’Air France à grand renfort d’images sorties de leur contexte et déformées par les médias parlant de « lynchage », là où deux cadres n’y ont laissé que leur chemise.

Ce lundi, on annonce l’arrestation à l’aube de cinq salariés comme s’il s’agissait de dangereux criminels. Après les politiques et les médias, la police et la justice vont donc s’acharner contre eux. C’est la lutte de classe dans toute sa brutalité.
Tant que les travailleurs subissent l’exploitation et les licenciements sans renâcler ; tant que le patronat porte les coups contre les travailleurs, les Sarkozy et les Hollande, la police et la justice ne trouvent rien à redire.

Mais que les salariés essayent de rendre ces coups, qu’ils laissent éclater leur colère contre les dirigeants et leurs larbins, et tout ce beau monde se ligue avec le patronat contre les travailleurs !

À longueur de journée, ces messieurs nous expliquent que la lutte de classe n’existe plus et que les intérêts des travailleurs et du patronat concordent parfaitement, mais, eux, ils la mènent en prenant fait et cause pour le patronat contre les salariés, en défendant les licencieurs contre les licenciés, les exploiteurs contre les exploités.

Sans perdre une minute, Hollande a condamné les salariés d’Air France. Tout juste rentré du Japon, Valls a organisé un conseil de guerre avec les dirigeants de l’entreprise, s’engageant à punir lourdement les « voyous » et cautionnant par avance les 2900 licenciements programmés.

Après avoir déversé sa bile contre le monde ouvrier, la droite a ordonné aux dirigeants syndicaux de se désolidariser des salariés et de les condamner sans appel. Et si elle a critiqué la direction d’Air France, c’est pour ne pas avoir licencié plus et plus tôt !

Quant au Front national, il s’est bien entendu joint à ce chœur anti-ouvrier avec Marion Maréchal Le Pen qui a dénoncé un « lynchage » et demandé l’intervention de la police.

Le FN prétend « défendre » les travailleurs, mais quand ceux-ci essayent de se défendre eux-mêmes, il hurle avec les loups. En condamnant les salariés d’Air France, le FN montre de façon éclatante son vrai visage, celui d’un parti profondément dévoué à l’ordre bourgeois et hostile aux luttes ouvrières. Il fait de la démagogie vis-à-vis des ouvriers et des plus pauvres, mais il les aime quand ils obéissent au patronat sans broncher. Dans l’opposition, le FN prend déjà fait et cause pour le patronat, cela en dit long sur la politique pro-patronale qu’il mènerait au pouvoir.

Tous ceux qui se placent dans le camp des travailleurs ne peuvent qu’être solidaires de la réaction des salariés d’Air France face à l’annonce des 2900 licenciements. Que croyaient les dirigeants d’Air France ? Qu’après avoir accepté depuis des années le gel de leur salaire, les milliers de suppressions d’emplois, l’aggravation de leurs conditions de travail, ils allaient sagement se laisser mettre dehors sans rien dire ? Eh bien non, les dirigeants d’Air France ont eu le retour de bâton et ils ne l’ont pas volé !

Air France a renoué avec les bénéfices ; le taux de remplissage de ses avions est excellent ; le marché aérien est en développement. Cela n’empêche pas la direction de s’en prendre aux salariés, de diviser et de monter des catégories les unes contre les autres et de faire un chantage à la faillite. Les mêmes manœuvres, les mêmes mensonges et les mêmes attaques patronales sévissent dans toutes les grandes entreprises du pays, et c’est cela qu’il faut combattre.
Et il s’agit bien là de violence. Car la vraie violence, c’est celle de la précarité et des salaires qui ne permettent pas de vivre, c’est celle qui condamne aujourd’hui six millions de femmes et d’hommes privés d’emploi, c’est celle de l’exploitation. Oh, les dirigeants qui décident de baisser les salaires, de licencier ou d’aggraver la charge de travail n’ont pas besoin d’élever la voix, ils ont le pouvoir. Mais leurs décisions sont autant de coups contre les travailleurs.

La domination patronale et sa violence épuisent les travailleurs et les chômeurs d’ici et tuent des millions de femmes et d’hommes au travers de la famine et des guerres. Il faut les combattre.

Et cela passe par un rapport de force, une colère collective organisée. Face à des travailleurs divisés et inorganisés, les patrons sont tout-puissants ; mais si la classe ouvrière s’organise, si elle se sert réellement de sa force collective, ce ne sont pas seulement deux chemises de hauts cadres, mais la dictature de la bourgeoisie qui sera menacée.
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mardi 6 octobre 2015

Solidarité avec les salariés d’Air France


Je tiens à exprimer tout mon soutien aux travailleurs en lutte chez Air France, révoltés par l’annonce de 2900 licenciements dans leur entreprise.

Les images des dirigeants d’Air France fuyant le Comité d’entreprise, chemises déchirées, montrent que la colère a explosé. Mais que croyaient-ils ? Que les salariés d’Air France allaient tranquillement se laisser mettre dehors, aller pointer à pôle emploi et après aux restos du cœur, sans rien dire, sans crier leur colère ?

Les salariés d’Air France, que ce soient les personnels au sol, les hôtesses ou stewards ou les pilotes, ont déjà fait de lourds sacrifices, des sacrifices sur leur salaire et des sacrifices sur leurs conditions de travail. Et voilà que le chantage à la faillite de l’entreprise continue ! Voilà qu’ils sont maintenant menacés de payer de leur emploi la course aux profits de leur direction !

Macron et Valls ont eu des mots très durs pour condamner les salariés et aucun pour s’inquiéter de la violence faite à ceux qui risquent d’être précipités dans le chômage, dans un pays qui compte 6 millions de chômeurs. Depuis le début ils expriment leur total soutien aux licencieurs d’Air France. Ils montrent ainsi une fois de plus qu’ils sont corps et âme dans le camp du patronat.

Alors oui les salariés d’Air France ont de quoi être en colère !

Nathalie Arthaud

À bas la politique pro-patronale du gouvernement !

Editorial des bulletins d’entreprises
lundi 5 octobre 2015

Toujours plus à droite, toujours plus pro-patronale : voilà la ligne suivie par le gouvernement prétendument socialiste. Et il ne s’agit pas seulement d’Emmanuel Macron !

Le ministre de l’Économie a certes promu la loi qui a cassé les protections des salariés sur le travail du dimanche et les licenciements. Il multiplie les déclarations contre les fonctionnaires et les 35 heures. Mais ceux qui, au PS, le critiquent en épargnant Valls et Hollande sont bien hypocrites car ces derniers n’ont pas attendu Macron pour s’attaquer aux droits des travailleurs.

Faut-il rappeler le CICE qui consiste à arroser les entreprises de milliards, sans aucun effet sur l’emploi ? Les accords de compétitivité qui permettent aujourd’hui d’imposer une hausse du temps de travail avec baisse de salaire ?

Même quand il prétend prendre des mesures favorables aux classes populaires, le gouvernement mène une politique anti-ouvrière. En matière fiscale, les baisses promises ne font que masquer la hausse des impôts locaux. Et en ce qui concerne la Fonction publique, les avancées pour les bas salaires ne sont que le paravent d’une diète généralisée.

Maintenant, le gouvernement veut réduire le code du travail à quelques principes et laisser s’imposer les conventions collectives et les accords d’entreprise qui pourront être en deçà des lois actuelles. Fragmenter, émietter, casser les droits collectifs qui valaient pour tous les salariés, y compris pour ceux des petites entreprises, c’est la politique patronale depuis toujours.

En externalisant, en généralisant la sous-traitance, l’intérim et les CDD, le patronat multiplie les statuts, individualise les conditions de travail et les droits des travailleurs. Sur 100 salariés qui interviennent dans un atelier, sur un chantier ou dans une entreprise de services, combien relèvent du même employeur ? Alors qu’ils travaillent ensemble, combien ont la même grille de salaire, les mêmes primes, les mêmes droits aux congés, aux repos ou à la retraite ?

Tout est fait pour diviser les travailleurs, pour les opposer et, au besoin, pour les monter les uns contre les autres. Chez Smart, à Hambach en Moselle, la maison mère Daimler a fait 7 milliards de profits l’an dernier. Mais on accuse les ouvriers ayant refusé de travailler 39 heures payées 37 d’avoir agi contre l’emploi des jeunes. Chez Air France, ce sont les pilotes qui sont accusés d’être responsables des suppressions d’emplois pourtant décidées par la direction.

Mais, de l’entreprise de nettoyage à celle d’informatique, de l’intérimaire à l’embauché, de la femme de ménage, de l’ouvrier jusqu’au pilote d’avion, le même chantage patronal s’exerce. Supprimer des emplois, comprimer les salaires, allonger la durée du travail, précariser la main-d’œuvre : les mêmes attaques sont menées partout pour préserver les profits.

Le patronat mène la lutte pour l’ensemble de sa classe ? Il faut qu’en face, les travailleurs soient unis pour contre-attaquer.

Chaque salarié, chaque militant, réagit naturellement à l’attaque qui le touche dans son métier et dans son secteur. Isolés par la politique patronale et livrés à eux-mêmes par le manque d’initiatives collectives des centrales syndicales, il est difficile pour les travailleurs conscients de se poser les problèmes à l’échelle de l’ensemble de leur classe et d’y répondre.

Ce sont les confédérations syndicales qui devraient le faire. Ce sont elles qui devraient populariser la nécessité pour les travailleurs de parler d’une même voix, d’affirmer leurs intérêts de classe et d’organiser la lutte collective.

Au lieu de cela, certaines centrales comme la CFDT servent la soupe au gouvernement et au patronat en défendant pour les travailleurs des « droits à la carte ». Et les autres centrales n’ont plus la préoccupation de populariser la nécessité d’un combat de l’ensemble de la classe ouvrière.

Jeudi 8 octobre, la CGT, Solidaires et la FSU appellent à une mobilisation interprofessionnelle. Mais elles ont laissé chacune de leurs fédérations décider des modalités de cette journée. Dans les secteurs où cette journée a été relayée et préparée, certains appellent à la grève quand d’autres appellent seulement à la manifestation. Dans ces circonstances, les manifestations ne rassembleront qu’une fraction du monde du travail.

Mais il faut se saisir de l’occasion. Car ceux qui feront grève et défileront auront le mérite d’avancer des revendications communes à l’ensemble des salariés. Ils auront le mérite d’affirmer leur camp contre le patronat et ce gouvernement anti-ouvrier. Ils auront mille fois raison car c’est une nécessité.
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lundi 5 octobre 2015

Hier, dimanche 4 octobre 2015 à Paris Manifestation en solidarité avec les migrants

Voilà quelques slogans de Lutte Ouvrière scandés hier à la manifestation  du 4 octobre

A bas les frontières
Solidarité des opprimés
du monde entier

Migrants ou réfugiés,
Liberté de circulation,
Liberté d’installation


Travailleurs et opprimés du monde entier,
Entre nous pas de frontière.
Notre patrie, c’est l’humanité.

A bas, à bas les frontières
Solidarité, solidarité
Avec les migrants et les réfugiés.

A bas, à bas,
l’Europe des murs
et des barbelés

Hollande répand la mort et la misère.
Armée française,
Hors d’Afrique et du Moyen-Orient.

Le prochain Cercle Léon Trotsky

Il aura pour sujet :
Le réchauffement climatique, un révélateur de l’irresponsabilité du capitalisme
vendredi 9 octobre 2015 - 
20h30 Docks de Paris-Eurosites
 
Avenue des Magasins généraux - Aubervilliers
Métro : Front Populaire - ligne 12 Participation aux frais : 3 euros
Un départ groupé aura lieu à partir de Corbeil. Me contacter.