En
difficulté pour faire passer leur projet de remise en cause du code du
travail, Hollande et Valls ont passé leur week-end à en préparer une
nouvelle version, afin de la faire approuver par certains dirigeants
syndicaux.
Ainsi les indemnités décidées par les prud'hommes en cas de
licenciement abusif ne seraient plus plafonnées comme dans le projet
initial, l'article définissant les licenciements économiques serait
rédigé autrement, les jeunes en recherche d’emploi pourraient recevoir
une allocation. Moyennant ces changements, en grande partie formels, le
gouvernement voudrait faire passer tout le reste, c'est-à-dire une
remise en cause générale des droits des salariés.
Ce que voudrait imposer cette loi, c'est tout simplement la loi des
patrons. Ceux-ci pourraient faire passer la durée quotidienne du travail
à 12 heures, ne devraient plus respecter la durée minimum légale de 11
heures entre deux séances de travail, pourraient limiter à 10 % la
majoration des heures supplémentaires. Et surtout ils pourraient
licencier à leur bon plaisir, par exemple sous prétexte d'une baisse de
leur chiffre d'affaires.
Ce projet a été dicté directement au gouvernement par le Medef, qui
proteste d'ailleurs dès que l'on parle d'en changer une virgule. Le
prétexte est toujours le même : les patrons prétendent que pour qu'ils
puissent embaucher, il faut d'abord les autoriser à licencier.
Ce raisonnement absurde nous est répété depuis des années par les
gouvernements successifs, même si les faits ont démontré largement qu'il
est faux. Jamais, nulle part, les facilités données aux patrons pour
licencier ne les ont incités en quoi que ce soit à embaucher.
La vérité, c'est que le patronat voudrait profiter de la situation
actuelle pour se débarrasser des quelques limitations que les luttes des
travailleurs lui ont imposées au cours des ans. Les patrons estiment
que pour cela la période est propice, car ils ont déjà vérifié que ce
gouvernement était prêt à faire leurs quatre volontés, même au prix de
se discréditer complètement aux yeux de son propre électorat. Ils lui
demandent donc d'aller jusqu'au bout, de satisfaire tous leurs désirs.
Puisque Hollande est déjà discrédité, puisque dans un an il perdra le
pouvoir, puisqu'au fond il n'a plus rien à perdre, les patrons estiment
qu'il doit se sacrifier encore pour eux, et le gouvernement s'exécute.
Valls et Hollande ne font mine de reculer que parce que les réactions
à leur loi les inquiètent. Le 9 mars, les grèves et manifestations ont
été un succès et ils craignent qu'elles s'amplifient. Eh bien, cela doit
justement encourager les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, qui
sont tous menacés par cette loi, à se mobiliser encore plus largement.
Cette loi vise tous les travailleurs, ouvriers comme employés ou même
cadres, en contrat à durée indéterminée ou non, intérimaires ou non.
Elle fait partie d'une offensive générale, qui vise aussi par exemple
les cheminots, en lutte eux aussi contre la démolition des règles en
vigueur dans le transport ferroviaire et qui comme les autres ont fait
grève le 9 mars.
Cette loi, qui est une négation des droits des travailleurs, ne peut
pas devenir acceptable simplement parce qu'on en aura réécrit certains
articles. Le gouvernement trouvera peut-être des dirigeants syndicaux
pour la signer, mais il n'y a aucune raison que les travailleurs
l'acceptent. C'est eux qui devraient le payer dans leurs conditions de
travail, dans leur chair et dans leur vie !
Il faut imposer que la loi Hollande-El Khomri soit purement et
simplement retirée. Il n'y a aucune raison d'accepter les reculs qu'elle
prévoit. Mais il y a plus encore : cette loi vient après d'autres, dans
une série d'attaques systématiques qui visent tous les domaines de la
vie, des conditions des travailleurs et de leurs droits.
Dans son acharnement à sauver et augmenter ses profits, le patronat
est prêt à nous ramener cent ans en arrière et il trouve pour cela
l'oreille complaisante d'un gouvernement qui ne veut rien lui refuser.
C'est tout le monde du travail qui doit mettre un coup d'arrêt à cette
offensive.
De nouvelles journées de manifestations et de grèves sont prévues,
les 17 mars, 24 mars et 31 mars. Il faut y participer de plus en plus
nombreux pour montrer que la force est du côté des travailleurs, pour
imposer le retrait total de la loi Hollande-El Khomri et dire au
patronat et au gouvernement « ça suffit ! ».