samedi 12 décembre 2015

Grève à l'entrepôt ID Logistics de Lisses

Préparateurs de commandes, contrôleurs, caristes approvisionneurs, tout le personnel de l’entrepôt ID Logistics de Lisses (91) s’est mis en grève dans la nuit de lundi à mardi 8 décembre. Du jamais vu dans l’entreprise, réputée pour ses conditions de travail très dures, et un emploi intensif d’intérimaires (60% de l’effectif de « production »). Le quotidien du travail, c’est des cadences infernales qui contraignent beaucoup, pour obtenir la prime de rendement indispensable à « décoller du SMIC » et faire vivre sa famille, à raccourcir les pauses, à s’abimer le dos et les bras, à travailler dans des conditions dangereuses vu l’intense activité dans les allées de l’entrepôt. Les accidents du travail, parfois graves, y sont fréquents. 

Aussi, l’annonce de la suppression du système actuel  de primes qui nous obligerait sous peine de retomber à 1060€ de paye mensuelle, à augmenter encore beaucoup les cadences a provoqué la révolte unanime des personnels, chacun jugeant ces nouveaux quotas irréalisables.

 La direction n’a pas mis longtemps pour mettre en place tout un scénario pour intimider les grévistes. Provocations de directeur déambulant au milieu des deux cents grévistes, accusations mensongères dictées à l’huissier, assignation en référé de 46 grévistes choisis au hasard…

Tout cela est bien dans la ligne d’un patron qui voulait appliquer son plan sans discussions au 4 janvier au seul motif –évidement invérifiable- que le marché passé auprès de la chaine « Intermarché » pour laquelle nous préparons les livraisons des rayons alimentaires de ces magasins en Ile de France, serait déficitaire de 3 millions d’euros cette année.   

La détermination et le ras-le-bol accumulé sont tels que les provocations de la direction n’ont pas fait renoncer un seul gréviste. 

Les grands entrepôts répartis le long de la Francilienne font vivre à tous les salariés, embauchés ou précaires, des conditions d’horaires et de travail infernales. Ils sont mis sous le chantage permanent  des donneurs d’ordres, les chaines d’hypermarchés, qui mettent régulièrement en concurrence les gros transporteurs, comme ID Logistics, Géodis, Khune et Nagel ou Norbert d’Entressangle. C’est cette organisation qui devra être un jour remise en cause par tous les salariés de ce secteur.

La montée du Front national : expression de la société capitaliste en crise

Un article du journal Lutte Ouvrière du 09 Décembre 2015

Plus que ses résultats en pourcentage, c’est la progression du nombre de votants pour le FN qui est importante. De 2 223 808 aux élections régionales en 2010, le nombre de votants pour le FN était passé à 4 672 932 aux européennes de 2014. Aux régionales du 6 décembre, ce nombre a atteint 6 004 482.
C’est l’augmentation continue depuis plusieurs années du nombre d’électeurs qui pèse sur la vie sociale et politique avant même que l’on sache si le FN parviendra, ou pas, à conquérir l’exécutif d’une ou plusieurs régions.
Cette croissance combine deux évolutions de nature différente. Elle résulte de la recomposition de l’électorat de droite, en gros la petite bourgeoisie, nombreuse dans ce pays, des commerçants, petits patrons, artisans, possédants en tout genre et cadres plus ou moins haut placés dans les entreprises. Des électeurs qui votaient auparavant pour les grands partis de droite, déçus du passage au pouvoir de ces partis, dégoûtés par les guerres de chefs, se sont, dans ces élections, massivement tournés vers le FN.
Il y a depuis longtemps un système de vases communicants entre l’électorat de droite et celui d’extrême droite. Sarkozy se vantait, en 2007, d’avoir réussi à « siphonner » l’électorat d’extrême droite pour se faire élire. Depuis plusieurs élections, c’est le FN qui « siphonne » l’électorat de l’ex-UMP, Les Républicains.
Cela montre qu’il n’y a pas une muraille de Chine entre la droite et la droite extrême, ni pour ce qui est des chefs, ni pour ce qui est de l’électorat. D’autant plus lamentables sont les déclarations des dirigeants du PS qui ont choisi le soir même de leur débâcle du premier tour de se retirer devant les listes de droite en les présentant, toute honte bue, comme des remparts contre le FN…
Cette évolution de l’électorat de droite vers l’extrême droite est un des aspects de l’évolution réactionnaire de la société. Ce n’est pas le plus important.
Plus pesante est pour l’avenir cette autre évolution qui fait qu’une partie de l’électorat ouvrier, après avoir été déçue, trahie par les grands partis réformistes pour lesquels elle avait l’habitude de voter, s’est tournée vers le FN.

L’écœurement de l’électorat ouvrier

Bien sûr, l’écœurement de l’électorat ouvrier à l’égard des partis qui prétendaient le représenter dans le passé s’est manifesté, dans ces élections régionales comme dans les précédentes, bien plus par l’abstention que par le vote FN.
Dans les quartiers ouvriers, le vote pour le FN côtoie une abstention importante. Derrière la stabilité du taux d’abstention global se cachent des différences importantes. De 47,70 % à Neuilly, ce taux est de 71,71 % à Aubervilliers, 72,89 % à Bobigny, 75 % à Vaulx-en-Velin ! Et ces taux ne tiennent pas compte de ceux qui ne sont même plus inscrits sur les listes électorales, sans parler de ceux, nombreux parmi les travailleurs, qui n’ont pas le droit de vote.
Mais la politique, comme la nature, a horreur du vide. En l’absence d’une force capable de porter la perspective politique propre à la classe ouvrière et en l’absence de conscience de classe, le FN apparaît comme porteur d’espoir, en vertu de l’illusion que comme « on ne l’a jamais essayé », il ne peut pas être pire que les autres.
Ceux qui expliquent le succès du FN par des raisons circonstancielles comme les attentats ou la « crise des migrants » se trompent. Ces événements ont joué un rôle de catalyseur. Mais l’accroissement de l’influence électorale du FN est continu depuis longtemps. Faut-il rappeler qu’en 2002, cet électorat avait propulsé Le Pen père au deuxième tour, en éliminant au premier tour Jospin, le Premier ministre socialiste d’alors ? À l’époque déjà, toutes les bonnes âmes de « gauche » justifiaient leur soutien à l’homme de droite Chirac en affirmant que ce vote « républicain » ferait barrage au Front national… On a vu ce qu’il en était dix ans après, à la présidentielle de 2012, où plus de 6 millions d’électeurs s’étaient prononcés pour Marine Le Pen, 1,6 million de plus que pour son père !
En remplaçant au fil du temps le drapeau rouge de la classe ouvrière par le drapeau tricolore souillé de la bourgeoisie, l’Internationale par la Marseillaise, en prônant l’identité des intérêts des travailleurs avec ceux de leur bourgeoisie nationale à la place de l’identité des intérêts des prolétaires de tous les pays, en banalisant parmi les travailleurs quelques-unes des idées les plus crasses de la société bourgeoise, du chauvinisme jusqu’au racisme, les partis réformistes, PC en tête, ont une responsabilité écrasante dans le fait de brouiller les références de la classe ouvrière et de miner sa conscience de classe. Les périodes de gouvernement du PS avec la participation du PC, sous Mitterrand puis derrière Jospin, ont fait le reste. Cette servilité à l’égard du grand patronat, c’était donc cela, la politique socialiste, adoubée par un parti qui se disait communiste ?
Le FN n’a pas seulement tiré profit de l’écœurement provoqué dans la classe ouvrière par la politique de la gauche au pouvoir, il n’a eu qu’à reprendre à son compte et pousser à l’extrême quelques-unes des idées réactionnaires réintroduites dans la classe ouvrière par les partis réformistes, PC en tête.
Et la crise de l’économie capitaliste, l’explosion du chômage, le désespoir des masses populaires, ont offert le terreau sur lequel la collection de préjugés du Front national, le néant de ses idées, ont pu se transformer en espoir de changement aux yeux d’une fraction des classes populaires.

L’expression d’une crise profonde

La croissance de l’influence du FN parmi les travailleurs, conséquence du recul de la conscience de classe, en est devenue un facteur aggravant. Sa montée électorale aux régionales est incontestablement une des manifestations de la désorientation de l’électorat populaire et de la perte de repères de la classe ouvrière.
Mais, bien au-delà, elle exprime la crise profonde de la société capitaliste. Une crise économique, sociale et politique qui se reflète dans le chômage de masse, dans le parasitisme sans précédent de la finance, dans la décomposition avancée de la société, dans les politiques guerrières, dans le terrorisme. Aussi variées que soient ces expressions, elles ont toutes les mêmes racines et elles s’alimentent mutuellement.
Le parlementarisme bourgeois, avec ses partis qui se relaient au pouvoir pour défendre par des moyens dits civilisés la domination de la bourgeoisie, ne fonctionne – et, encore, seulement dans quelques dizaines de pays impérialistes riches – que dans des périodes où l’économie, basée sur l’exploitation, roule tant bien que mal.
Ce n’est plus le cas. La crise de confiance de l’électorat dans les partis traditionnels et, partant, dans le système de l’alternance parlementaire lui-même se généralise en Europe. La montée du FN ne consacre pas seulement l’enterrement du bipartisme au profit du tripartisme. Ce n’est, en fait, qu’une ultime tentative de remplacer l’alternance gauche-droite par une alternance FN-partis traditionnels.
Mais cette nouvelle illusion dont la société bourgeoise voudrait gaver l’électorat populaire ne pourra pas durer. Le FN ne peut évidemment guérir aucun des maux de l’ordre capitaliste qu’il sert, comme les autres partis. Il ne peut que les aggraver. Sa percée électorale est le dernier avatar du parlementarisme bourgeois. Il est le signe que celui-ci, basé sur le mensonge en haut et la crédulité en bas, est moribond.

Un système capitaliste sans avenir

En guise de vie politique, le système capitaliste n’a rien d’autre à proposer dans un pays comme la France, qui fait partie des puissances impérialistes les plus riches de la planète avec son passé et sa civilisation, qu’une formation politique qui trouve toutes ses idées dans les poubelles de l’histoire : racisme, misogynie, repliement dans un communautarisme identitaire, haine des autres, étouffement des libertés démocratiques.
Prétendre opposer à cette crise de dérisoires combinaisons politiques, des lamentations ou des coups de menton de la part de chefs de partis qui ont perdu tout crédit mais qui prétendent quand même incarner la résistance au Front national, est stupide. Tous ces gens-là, en tout cas l’armada de leurs seconds couteaux, se coucheront devant le FN s’il continue à progresser et finit par s’approcher du pouvoir. Ils le font déjà dans le domaine des idées et dans leur langage.
Alors, il faut rejeter leur jeu, pas seulement à cause de leurs responsabilités dans la situation présente, mais surtout en raison de leur incapacité d’offrir une perspective pour l’avenir. Cette perspective ne peut pas être offerte dans le cadre d’un système capitaliste profondément en crise. Elle ne peut être offerte que par la classe ouvrière, la seule à avoir un intérêt fondamental et la force de combattre efficacement le système capitaliste dans son ensemble et la seule, surtout, à pouvoir le renverser.
La durée même de la crise, en plongeant des millions d’exploités dans la pauvreté et le désespoir, a porté sur le devant de la scène politique ce que la société bourgeoise a de plus réactionnaire, de plus abject.
Mais, en bouleversant les règles du jeu politique et les certitudes, elle pose la question de l’avenir de la société plus clairement qu’à l’époque du ronronnement paisible du parlementarisme bourgeois. Rappelons cependant que ce doux ronronnement dans les pays impérialistes n’a jamais cessé d’avoir pour fondement l’exploitation ici même et le pillage des trois quarts de la planète préservé par des dictatures et, au besoin, par des interventions armées.
La société n’a pas d’avenir sur les bases capitalistes. L’avenir de la société est entre les mains de la classe ouvrière et entièrement suspendu à la rapidité avec laquelle elle retrouvera sa conscience de classe.
Georges KALDY

mercredi 9 décembre 2015

Les résultats de Lutte ouvrière aux élections régionales

Communiqué

07/12/2015 
Nous présentons ci-joint les résultats de Lutte ouvrière par région et par département. Rappelons que Lutte ouvrière se présentait dans toutes les régions métropolitaines à l’exception de la Corse, ainsi qu’à l’île de La Réunion.
Lutte ouvrière totalise donc 320 054 voix (1,5 %) dans les 13 régions où nous nous présentions. C’est en progrès par rapport aux élections régionales de mars 2010 (206 229 voix, soit 1,09 %) et aux élections européennes de mai 2014 (213 633 voix, soit 1,14 %), dont nous présentons ci-dessous les résultats, pour comparaison. Nos camarades de Combat ouvrier obtiennent 1992 voix (1,42%) en Guadeloupe et 2460 voix (2,04 %) à la Martinique.

Ces résultats sont certes modestes. Mais, dans un contexte de poussée à droite, ils ne sont pas sans importance. Ceux qui ont voté pour les listes de Lutte ouvrière ont clairement voulu faire entendre le camp des travailleurs. Ils se sont opposés à la politique pro-patronale du gouvernement PS, tout en rejetant la droite et l’extrême droite. Ils se sont prononcés pour que la classe ouvrière se dote d’un parti qui représente réellement ses intérêts. Ces voix compteront pour l’avenir.

Après le premier tour des élections régionales du 6 décembre 2015

Communiqué
06/12/2015
Les résultats de ce premier tour des élections régionales reflètent l’évolution réactionnaire de la société en même temps que la désorientation de l’électorat populaire et la perte de repères de la classe ouvrière.
L’expression la plus frappante de cette évolution est la progression en voix du Front national dans la quasi-totalité des régions, ce qui a permis au parti d’extrême droite d’arriver en tête dans six d’entre elles.
L’expression électorale du recul ne se limite cependant pas à cela. La campagne électorale de la droite a été entièrement dominée par sa compétition avec l’extrême droite sur le terrain de cette dernière.
Quant au Parti socialiste, non seulement il a repris à son compte le langage sécuritaire du FN, mais étant au pouvoir, il en a réalisé l’application en instaurant l’état d’urgence, d’une efficacité limitée pour combattre l’horreur terroriste mais qui étouffe la contestation de la politique gouvernementale sur sa gauche et pèse sur les mouvements sociaux.
Le FN encaisse les dividendes électoraux de la banqueroute du PS au pouvoir. Il est significatif qu’il réalise un de ses meilleurs scores dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, région à forte tradition ouvrière. Une partie de l’électorat traditionnel du PS et du PC, écœurée par la politique du gouvernement, ses reniements et sa servilité vis-à-vis du grand patronat, s’est abstenue. D’autres électeurs se sont ajoutés à l’électorat traditionnel de l’extrême droite, faisant du FN le parti le plus influent de la région. C’est une partie de son propre électorat que la gauche réformiste a poussée dans les bras du FN.
C’est l’aboutissement de décennies d’évolution politique où les partis qui prétendaient représenter le monde du travail ont renié, au fil du temps, toutes les valeurs du mouvement ouvrier et foulé au pied les intérêts des travailleurs dès qu’ils étaient au gouvernement.
Ces partis ne s’en relèveront peut-être pas, mais la classe ouvrière, elle, se relèvera.
Le FN est un parti aussi dévoué aux intérêts de la grande bourgeoisie, qui domine la société capitaliste, que les partis de droite et le PS, mais avec un langage plus réactionnaire encore et, si les circonstances s’y prêtent, avec des méthodes plus ouvertement anti-ouvrières.
La classe ouvrière n’a cependant rien perdu de la force que lui donnent son nombre et sa place incontournable dans l’économie. La tâche la plus importante de notre époque pour ceux qui se revendiquent du camp des travailleurs, pour les militants ouvriers, est d’œuvrer pour que la classe ouvrière retrouve confiance en sa force et pour qu’elle retrouve la conscience du rôle qu’elle est la seule à pouvoir jouer contre toutes les formes de barbarie en combattant leur fondement commun : l’exploitation.
Les travailleurs n’ont jamais eu à espérer un changement de leur sort par les élections. Ils n’ont pas non plus à s’en désespérer. Le rapport de force entre la bourgeoisie exploiteuse et les masses exploitées ne se détermine pas dans les urnes, mais dans les affrontements de classe. Nous faisons pleinement confiance à la classe ouvrière et à sa capacité à retrouver la conscience de ses intérêts politiques et de sa force.
Dans les régions où le FN risque de conquérir l’exécutif régional, ce sont les coalitions de droite qui viennent en deuxième position.
Tout en rejetant le Front national, il n’est pas question pour Lutte ouvrière de défendre auprès de son électorat l’idée que des hommes de droite, avec des idées aussi crasseuses, puissent servir de rempart contre le parti d’extrême droite. Quant à voter pour une liste socialiste, cela ne servirait à rien et ce serait remercier le PS d’avoir fabriqué le succès de l’extrême droite.
Gauche gouvernementale, droite ou extrême droite, elles sont toutes prêtes à s’en prendre aux immigrés, aux associations, aux libertés publiques. Celles qui ont une parcelle de pouvoir le font déjà. Ce n’est pas aux travailleurs conscients de choisir laquelle des cliques bourgeoises prendra les mesures contre les classes populaires.
Il ne reste aux électeurs du monde ouvrier qui refusent au deuxième tour de choisir entre la peste et le choléra, non par désintérêt pour la politique mais par conscience, qu’à glisser dans l’urne un bulletin affirmant son appartenance au « camp des travailleurs ».
Les élections régionales passées, les travailleurs auront à se défendre contre le grand patronat et l’État par le seul moyen efficace : la lutte collective.
Quant à Lutte ouvrière, elle continuera à œuvrer pour que le camp des travailleurs se donne un parti qui représente réellement ses intérêts matériels et politiques.
Même s’ils ne constituent qu’une petite fraction de l’électorat populaire, ceux qui ont voté pour les listes Lutte ouvrière peuvent être fiers de représenter l’avenir, la renaissance du mouvement ouvrier capable de combattre la société d’exploitation et d’y mettre fin.