L'article de Sud-Ouest retrace avec exhaustivité toutes les magouilles de Dassault à Corbeil, tous les procès en cours. Il est d'autant plus intéressant qu'il rappelle qu'en 1998, le patron milliardaire avait déjà été condamné pour corruption active en Belgique ; ce que la presse du groupe dont il est propriétaire (Figaro et compagnie) s'empresse d'oublier systématiquement !!
Article du journal SUD-OUEST
publié le vendredi 21 novembre 2014
Corruption, achats de vote, blanchiment... Les affaires qui visent Serge Dassault
Dassault aurait reçu de l'argent liquide par une filière suisse qui lui
aurait permis d'acheter des voix. Au coeur de multiples affaires,
l'industriel a déjà été condamné pour corruption en 1998. Le point
Les 6 et 7 octobre derniers, Gérard Limat, ancien proche de Serge Dassault, a raconté dans le détail aux juges d'instruction comment il a remis 53 millions d'euros à l'avionneur, entre 1995 et 2012. Les soupçons de corruption électorale dans son fief de l'Essonne et de détournements de millions d'euros ne sont pas les seuls ennuis judiciairesdu patron de presse et patriarche de l'empire Dassault, symbole de la réussite industrielle et technologique de la France.
REPERES
Âgé de 89 ans, Serge Dassault, est polytechnicien et ingénieur de l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique. Ancien directeur puis PDG de Dassault Aviation (1955-2000), héritée de son père, Marcel, en 1986, il est à la tête de la6ème fortune de France (13,5 milliards d'euros selon Challenges). Maire de Corbeil-Essonnes de1995 à 2009, il est devenu sénateur UMP de l'Essonne en 2004 et a racheté la même année le "Figaro".
Déjà condamné en 1998 dans une affaire depots-de-vin en Belgique,l'ancien maire de Corbeil-Essonnes fait aujourd'hui l'objet de cinq enquêtes judiciaires: une à Paris sur le financement des campagnes de 2008, 2009 et 2010 ; une sur plainte des enfants Dassault, pour « appels malveillants» et « tentatives d'extorsion de fonds » ; une ouverte par Tracfin, sur des prêts accordés par Serge Dassault à plusieurs personnes ; deux à Evry pour des tentatives de meurtre.
1. 1998 : CONDAMNATION POUR CORRUPTION ACTIVE EN BELGIQUE
"C'est un mauvais souvenir, n'en parlons plus", Serge Dassault au "Parisien", septembre 1998
L'avionneur était mis en cause pour le versement en avril et juin 1989, au Parti socialiste belge, de 15 millions de francs français versés par la société Dassault,
via le compte en Suisse "Sophie", appartenant à sa mère, Madeleine
Dassault. Objet de la contrepartie : l'attribution à sa sociétéElectronique Serge Dassault (ESD)du contrat"Carapace",un marché d'équipement en systèmes de protection électronique des avions F-16 de l'armée belge.
Serge Dassault soutenait qu'il était "totalement étranger" à ces
pots-de-vin, mais, pour la justice belge, le doute n'était pas permis,
l'industriel avait décidé personnellement de leur versement. Ces commissions occultes avec les avionneurs Dassault et Agusta avaient été révélées par des perquisitions menées dans le cadre de l'enquête sur la mort d'André Cools, l'ex-vice-Premier ministre belge et ex-président du Parti socialiste, assassiné sur un parking le 18 juillet 1991 à Liège. On soupçonnait des membres du PS belge d'avoir commandité le crime. LIRE LA SUITE
2. 2010 : VERSEMENTS ELECTORAUX OCCULTES PRESUMES A CORBEIL-ESSONNES
Quand l'industriel "me disait qu'il avait besoin de me voir, je
comprenais qu'il avait besoin d'argent liquide", Gérard Limat aux
enquêteurs, octobre 2014
Les 6 et 7 octobre derniers, l'affaire rebondit. Lors de sa garde à vue,Gérard Limat explique aux policiers anticorruption de Nanterre qui enquêtent sur les soupçons d'achat de voix à Corbeil-Essonnes, qu'il aurait remis à l'industriel et ex-maire de la ville, 53 millions d'euros en liquide transférés de Suisse, de 1995 à 2012. Dont, selon les révélations de"Libération"et"France inter" qui ont eu accès aux procès verbaux de l'audition, 7,4 millions
sur la période 2008-2012 des trois scrutins visés par les enquêtes.
L'argent était puisé sur des comptes au Liechtenstein, au Luxembourg ou
en Suisse, avant d'arriver sur les comptes genevois de Cofinor, une société financière au coeur du dispositif.
"Je posais le sac dans un coin de son bureau et immédiatement on parlait
d'autre chose", Gérard Limat aux enquêteurs, octobre 2014
En janvier 2013, le Parquet de Paris gérait trois autres enquêtes préliminaires concernant Serge Dassault. L'une concernait lafamille du milliardaire,
harcelée en 2012 d'appels téléphoniques menaçants et de tentatives
d'extorsion de fonds émanant de voyous locaux. Suite à un nouveau
signalement de Tracfin, la justice enquêtait parallèlement sur les fortes sommes prêtées ou données par l'industriel à Corbeil, à des personnes connues de la justice.
4. 2013-2014 : TENTATIVES D'HOMICIDES
Serge Dassault est également mis en cause dans une tentative d'assassinat commise par l'un de ses proches,Younès Bounouara, à Corbeil, le 19 février 2013. Dans l'enquête ouverte pour tentative d'homicide, les policiers suivent la « piste politique ». En juin 2013,
les juges veulent placer l'industriel en garde-à-vue pour complicité,
mais le bureau du Sénat rejette alors sa levée d'immunité. Il est
finalement entendu en octobre 2013 dans cette affaire, en qualité de témoin assisté à Évry (Essonne). Rachid Toumi un homme de 33 ans qui s'était faisait tirer dessus en janvier 2013 à Corbeil, Interrogé par "Le Parisien" le 27 février, dit avoir participé à l'entretien du « système Dassault », et assure avoir « toujours vu des gens toucher de l'argent » en échange de leur vote. Là aussi, une enquête est ouverte. Enfin, le 25 mai 2014, peu avant minuit, à Saintry-sur-Seine, dans l'Essonne, Machiré Gassama, est
visé par des tirs de fusil à pompe. Directeur de la jeunesse et des
sports à la mairie de Corbeil-Essonnes et proche de Dassault et de son
successeur Jean-Pierre Bechter, l'homme échappe à la mort. Il aurait été
victime d'un nouveau règlement de comptes dans l'affaire d'achats de votes et de financement illicite de campagne électorale à Corbeil-Essonnes..
"Je donne de l'argent pour la bienfaisance, jamais pour les élections", Serge Dassault, 8 avril 2014
Serge Dassault qui bénéficie de la présomption d'innocence, dément formellement avoir acheté des voix d'électeurs. Il siège toujours au Sénat,
SEPT MISES EN EXAMEN
Dans l'affaire du présumé achat des voix pour la réélection de Serge Dassault et de l'éventuel financement illégal de campagne électorale, six personnes sont mises en examen aux côtés de l'industriel : Jean-Pierre Bechter, son salarié et successeur à la mairie de Corbeil, Jacques Lebigre, son bras droit et ancien maire adjoint, Cristela de Olveira, son ex-adjointe, Gérard Limat, son comptable suisse et deux chefs présumés de lobbyistes électoraux à Créteil, Younès Bounouara et Mamadou Kébé. En cavale depuis février 2013, Bounaouara est en outre soupçonné de tentative d'assassinat.
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