Lorsque nous avons appris que Montebourg, le ministre du Redressement
productif, devait venir à l’usine de Corbeil en compagnie du PDG, le bruit a
couru qu’il fallait absolument lui faire un petit comité d’accueil et lui dire
ce que l’on pensait sur les plans de licenciements actuels dans le pays.
Le rassemblement avait été organisé par la CGT. Montebourg et
le PDG de Safran, se sont retrouvés entouré d’une cinquante de travailleurs. C’est
ainsi que nous avons pu lui dire que nous n’acceptions pas la dégradation du monde
du travail. Plusieurs travailleurs et délégués ont pris la parole. Je lui ai rappelé en substance « que
la situation du chômage dans notre pays était critique », « qu’avec trois millions de chômeurs,
soit 10% de la population active, cela ne pouvait pas durer », « qu’il fallait annuler tous les plans
de licenciements annoncés dans le pays comme à Peugeot». Car les
licencieurs actuels « sont des
grands groupes riches à millions » ; « ils peuvent garder les
salariés car ils ont l’argent pour ça» ai-ajouté. Et de conclure « c’est de votre responsabilité". Un
autre délégué est intervenu pour lui dire qu’il y avait du travail à la Snecma et qu’il
fallait embaucher des jeunes en proportion de l’épaisseur du carnet de
commande.
Montebourg n’a bien sûr pas répondu sur le fond, essayant
même d’esquiver en disant que nous étions actionnaires : « travailleurs pas actionnaires »,
lui avons nous répondu en choeur. Difficile de savoir qui du ministre ou du
PDG était le plus agacé par cette interpellation. Toujours est-il que cela a
regonflé tout les participants et que la nouvelle a fait le tour de l’usine.
Dire
ce que l’on sur le cœur à un ministre, ça fait du bien.