Gaza : gouvernement israélien assassin,
le visage de l'ordre impérialiste
Un article de Lutte Ouvrière n°2401 du 8 août 2014
Le 5 août, l'armée israélienne s'est finalement retirée de
Gaza. Est-ce pour autant la fin du conflit, des bombardements, des
meurtres de civils, des destructions... Rien n'est moins sûr. Les
soldats israéliens se redéploient sur des positions dites défensives
mais sont toujours prêts à intervenir, comme ils le font depuis
toujours.
Commencées le 8 juillet, les opérations militaires israéliennes
contre Gaza ont fait plus de 1 800 morts palestiniens, très
majoritairement des civils. Le Bureau de coordination des affaires
humanitaires de l'ONU (OCHA) évalue à 377 le nombre d'enfants tués. Et
ce bilan augmente au fur et à mesure que de nouveaux corps sont
découverts sous les gravats.
Pendant près d'un mois, l'armée israélienne a utilisé son artillerie,
ses drones, ses chars, son aviation pour détruire des milliers
d'habitations, n'épargnant ni les hôpitaux, ni les écoles, comme
celle de l'ONU atteinte dimanche 3 août alors qu'elle accueillait trois
mille réfugiés ayant fui les zones de bombardement. L'unique centrale
électrique de Gaza a été détruite, plongeant l'essentiel
de l'enclave dans l'obscurité et rendant difficile le maintien des
pompes à eau. La majeure partie de l'approvisionnement municipal en eau
est désormais interrompue, ce qui accroît le risque
d'épidémies. D'après l'organisation humanitaire OXFAM, six des neuf
établissements hospitaliers les plus fréquentés de Gaza ont été touchés
ou gravement endommagés, trois ont dû fermer.
Pour justifier ces massacres et ces destructions, le gouvernement
israélien a mis et met toujours en avant la « défense de la sécurité »
de sa population. C'est un mensonge d'autant plus odieux que
les tirs de roquettes servant de prétexte à la guerre actuelle ont fait
en tout et pour tout trois victimes parmi les Israéliens ; trois
victimes de trop, certes, mais qui doivent être comparées aux
constants assassinats perpétrés par les militaires et la police
israélienne. En 2013, en période de paix donc, 44 Palestiniens avaient
été tués et plus de 1 200 faits prisonniers.
Pour entretenir un climat de tension au sein de la population
d'Israël, les dirigeants du pays ne reculent devant aucun mensonge.
Ainsi, ils n'ont pas hésité à affirmer qu'un soldat israélien avait
été enlevé par des combattants du Hamas, alors qu'il avait été tué dans
les combats et que son corps avait été retrouvé.
La guerre contre Gaza s'inscrit dans la continuité d'une politique
menée par tous les gouvernements israéliens depuis la création du pays
en 1948. Cette politique a conduit à l'expulsion de
centaines de milliers de Palestiniens, les privant de leurs terres,
niant leur droit à disposer d'un État qui leur soit propre.
En condamnant les Palestiniens à vivre dans des camps ou dans un
territoire comme Gaza, véritable prison à ciel ouvert, les dirigeants
israéliens ont maintenu une insécurité et un état de guerre
permanent. Lundi 4 août, le geste de ce Palestinien fonçant avec une
tractopelle sur un bus israélien à Jérusalem a rappelé qu'aucune
sécurité ne peut être garantie tant que le terrorisme d'État
d'Israël à l'encontre de la population palestinienne se maintiendra.
Mais si l'État israélien peut se croire tout permis et si, face au
monde entier, il semble avoir un permis de tuer, c'est qu'il dispose du
soutien inconditionnel des grandes puissances, en
particulier de l'impérialisme américain, satisfait de disposer dans
cette région stratégique d'un État capable d'assumer son rôle de
gendarme.
Cette complicité se manifeste encore à travers la passivité dont font
preuve les dirigeants des autres grandes puissances, y compris celle
des gouvernants des pays arabes. Pendant plusieurs
semaines, ils se sont contentés de garder le silence ou de reconnaître à
l'État israélien « le droit de se défendre », façon hypocrite de lui
reconnaître le droit de bombarder Gaza. Alors qu'il n'est
plus possible de se taire devant les images de destruction montrées par
les télévisions du monde entier, les dirigeants américains et européens
ont appelé au cessez-le-feu, mais sans jamais exercer de
réelles pressions, ni menacer Israël de sanctions.
En définitive, la politique de terreur de l'État israélien à l'égard
des Palestiniens n'est que sa contribution au maintien de l'ordre - ou
plutôt du désordre - impérialiste au Moyen-Orient, en
accord avec ces puissances qui usent des mêmes méthodes, ou sont prêtes à
en user, aux quatre coins de la planète.
Marc RÉMY
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