Du racisme à l'homophobie en passant par l'antisémitisme et
l'opposition à l'avortement, nombre d'idées réactionnaires refont
surface.Dimanche 2 février, on a vu manifester de nouveau les bigots et les
dévots, les nostalgiques de la France de papa, les bourgeois des beaux
quartiers. Cette fois, ils ont défilé contre le fait
d'ouvrir aux couples de femmes la procréation médicalement assistée et
contre la gestation pour autrui... mesures que le gouvernement n'a
nullement l'intention de prendre.
Pour imposer leur vision conservatrice et réactionnaire de la vie et
de la famille, ces bien-pensants se saisiront de tous les prétextes et,
s'il le faut, ils en inventeront !
Le week-end précédent, ce sont les intégristes catholiques
anti-avortement qui avaient manifesté avec les groupuscules d'extrême
droite, vomissant leur antisémitisme. Ils étaient accompagnés des
partisans de Dieudonné, pas gênés d'être aux côtés des pires racistes
anti-musulmans et anti-arabes.
Et c'est sans parler de la manipulation grotesque laissant croire
qu'un lobby homosexuel avait pris le pouvoir à l'école primaire pour
pervertir les enfants ! Tous ces fantasmes et toutes ces idées
s'alimentent les uns les autres.
L'UMP et le Front national sont restés à distance de ces
manifestations, ne voulant pas assumer les propos réactionnaires voire
fascisants de certains participants. Mais leurs militants ne se
gênent pas pour en être ! En réalité, les uns et les autres prospèrent
sur le même terreau et se confortent mutuellement. Aux uns, la rue et
les outrances, aux autres, le Parlement et le discours
châtié, pour défendre les mêmes préjugés obscurantistes, ceux-là mêmes
qui ont fait les beaux jours du régime de Vichy et du « Travail Famille
Patrie ».
Tous ces gens-là font ressurgir des débats que l'on pouvait croire
derrière nous. Leurs idées représentent un danger car, comme on le voit
en Espagne avec les menaces sur le droit à l'avortement,
le recul des idées peut vite nous renvoyer trente, quarante ans en
arrière.
Il en va de même pour les idées racistes et antisémites, et ceux qui
font mine de s'en amuser sont des irresponsables. La banalisation de ces
idées représente un danger pour les travailleurs, car
elle ouvre un champ de manoeuvres à la droite la plus hostile au
mouvement ouvrier.
Pour l'heure, les plus réactionnaires s'en tiennent à proclamer «
leur vision de la civilisation » mais, demain, ils voudront régenter les
moeurs et imposer leur loi, contre les travailleurs
immigrés d'abord, puis contre tous les travailleurs. Car si, pour ces
gens-là, les femmes sont vouées à être uniquement des mères de famille,
les travailleurs, eux, sont voués à l'exploitation et à
obéir !
Face au danger de la montée des idées réactionnaires, il n'y a rien à
attendre d'un gouvernement qui a enterré le droit de vote des
étrangers, et rien à attendre de Valls. Celui-ci se fait le
chantre de la République ! Mais qui a regretté qu'il manque « des Blancs
» dans la ville d'Évry, si ce n'est Valls ? Quant à sa sortie sur les
Roms « incapables de s'intégrer », elle a les relents du
racisme des années 1930. Alors, avant de faire la leçon au monde entier,
le Parti socialiste devrait balayer devant sa porte.
La remise en cause des droits des femmes, la résurgence de la
xénophobie et de l'antisémitisme sont l'expression du recul dans lequel
nous entraîne la société capitaliste. Cela va de pair avec la
montée du chômage et de la pauvreté, avec la mise en concurrence des
travailleurs et le repli sur soi qui s'ensuit.
Sans une réaction collective et massive des exploités, la société
reculera, matériellement et moralement. L'absence de luttes laisse libre
cours à un bon nombre d'idées réactionnaires. Inversement,
la vitalité et l'intensité des mobilisations ouvrières font reculer
jusqu'aux préjugés les plus tenaces.
Les plus anciens se souviennent de Mai 68, tant décrié par ceux qui
battent aujourd'hui le pavé : c'était tout à la fois une grève générale
de la classe ouvrière et un bouillonnement progressiste
sur le plan des idées et des valeurs.
Aujourd'hui, les réactionnaires apparaissent comme les seuls à
vouloir se battre contre le gouvernement, à s'organiser et à se donner
les moyens de peser. Si l'on veut que la société aille de
nouveau de l'avant, le monde du travail doit se manifester sur son
terrain, celui de l'émancipation sociale.
Seules les luttes collectives contrebalanceront le climat nauséabond
actuel, car c'est au travers du combat contre l'exploitation que les
travailleurs mesurent que ce qui les unit est plus fort que
ce qui les différencie.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 3 février
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