Un article du journal Lutte Ouvrière n°2327 du 8 mars 2013 sur les règlements de compte qui ont eu lieu à Corbeil-Essonnes, fin février 2013.
Corbeil-Essonnes : règlements de comptes
En pleine rue du centre-ville, un homme a déchargé son revolver
sur un autre, sous les yeux de nombreux témoins
et des élèves d'une école située à proximité. Ce règlement
de comptes s'est déroulé à Corbeil-Essonnes, le 19 février dernier, une
ville dont le maire actuel, Jean-Pierre Bechter, est le bras droit de
Serge Dassault, le patron milliardaire, ancien maire de
Corbeil. Rappelons que l'élection de Dassault avait été invalidée pour
cause de fraude électorale en 2008.
Cette tentative d'assassinat en plein jour aurait pour motif les
pots-de-vin versés par Dassault pour acheter des voix lors des élections
municipales. Dans une vidéo postée sur Internet, reprise
par la presse et la télévision, Dassault est directement mis en cause.
Les sommes en jeu sont considérables : ce sont des dizaines, voire des
centaines de milliers d'euros. 1,7 million d'euros
destinés à la corruption auraient fait un tour par le Liban. L'affaire
aurait donc dégénéré en règlement de comptes sanglant, les malfrats
s'accusant mutuellement de « mauvais paiements », de
« détournements de fonds », etc. Le système Dassault prendrait-il
l'eau ?
Bien que la presse s'obstine à ne citer que son prénom et l'initiale
de son nom, le tireur en cavale (Younes B.) n'est pourtant pas un
inconnu. Son nom de famille est un secret de polichinelle pour
tous les habitants de Corbeil. Ce malfrat était un « petit patron » du
quartier des Tarterêts. Le Point écrit par euphémisme qu'il était
« l'agent de l'avionneur dans les quartiers populaires
depuis sa première campagne dans l'Essonne en 1995 ». En tout cas, il
avait pignon sur rue et ne cachait pas ses amitiés à l'hôtel de ville.
Il y a plusieurs mois, face à des accusations récurrentes,
Dassault avait même affirmé publiquement que c'était en substance « un
brave homme ».
Aujourd'hui, bien sûr, Dassault et Bechter démentent tout lien avec
ce Younes B., devenu tout à coup infréquentable, même si Bechter affirme
au journal Le Parisien : « Je connais la victime,
mais je ne lui ai jamais serré la main. Quant au suspect, je le connais
simplement de nom » ! Mais ces dénégations ne trompent personne. Cette
tentative d'assassinat est intervenue après une autre,
quelques semaines plus tôt, toujours entre voyous.
Depuis plusieurs années, toutes ces affaires entretiennent un climat
délétère : incendies de mairies annexes, saccages de permanence
électorale de l'opposition, intimidations, menaces contre des
élus de l'opposition, auxquelles s'ajoutent aujourd'hui les règlements
de comptes entre malfrats.
René CYRILLE
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