Lutte Ouvrière n°2321 du 25 janvier 2013
Editorial
Pendant que l'armée française est en guerre au Mali, on parle moins
d'une autre guerre, elle aussi appuyée par le gouvernement, mais engagée
ici-même en France : il s'agit de l'offensive menée par le
patronat dans son ensemble contre les emplois, les salaires, les
conditions de travail et les droits des travailleurs. Et c'est bien une
guerre.
Les travailleurs de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois, en région
parisienne, sont en grève depuis le 16 janvier contre un patron qui veut
fermer leur usine et supprimer 11 200 emplois sur l'ensemble
du groupe. PSA, riche à milliards, vient d'obtenir du gouvernement une
aide de sept milliards d'euros et a l'audace de dire que tout cela est
nécessaire pour sa « compétitivité » ! Ce groupe voudrait
forcer les travailleurs de PSA Aulnay à se plier à ses conditions,
quelles que soient les conséquences pour eux. Ils ont décidé de ne pas
se laisser faire.
Il y a quelques jours, c'est aussi Renault, l'autre grand patron de
l'automobile, qui a annoncé 8 260 suppressions d'emplois pour les années
qui viennent. Renault parle de réductions d'effectifs et
dit qu'il n'y aura pas de licenciements. Mais, de toute façon, ce serait
des emplois en moins pour tous ceux qui en cherchent un, et donc encore
plus de chômage.
Cette annonce vient au moment où Renault voudrait faire signer par
les syndicats un accord dit de « compétitivité », imposant une
augmentation du temps de travail équivalant à plus de dix journées
de travail supplémentaire gratuit par an. Au moment où les patrons de ce
secteur se plaignent de la baisse des ventes de voitures, ils
voudraient obliger leurs ouvriers à travailler plus en étant
moins nombreux et en gagnant moins.
Renault voudrait en même temps imposer la mobilité entre sites. Cela
obligerait les ouvriers à aller d'une usine à l'autre, parfois à
150 kilomètres de distance, au bon vouloir du patron, quitte à
devoir se loger en camping avec une indemnité de déplacement ridicule.
Pour faire passer ce projet, Renault dit que c'est la condition pour
qu'il ne ferme pas d'usine en France. Mais 8
260 suppressions d'emplois, cela revient à fermer trois usines ! C'est
une autre façon de faire comme PSA.
Renault, PSA et les autres grands patrons sont d'autant plus à
l'offensive que le gouvernement Hollande-Ayrault a, de son côté, fait
signer par plusieurs syndicats -- sauf la CGT et FO -- un accord
dit de « flexi-sécurité ». Celui-ci autoriserait tous les patrons à
imposer des horaires flexibles et des baisses de salaire s'ils
l'estiment nécessaire, là encore pour leur « compétitivité ».
Le gouvernement prétend qu'ainsi les emplois seraient sauvés tandis
que les chômeurs auraient plus de garanties. C'est un mensonge sur toute
la ligne, tout comme lorsqu'on affuble les plans de
licenciements du nom de « plans de sauvegarde de l'emploi ». Si tout
cela sert à sauvegarder quelque chose, ce sont les profits de riches
patrons capitalistes qui veulent pouvoir l'être encore plus.
Quand ils parlent de « compétitivité », c'est celle de leurs profits et
des dividendes de leurs actionnaires.
Le patronat ne s'attaque pas qu'à ceux de l'automobile. C'est à tous
les salariés qu'il veut imposer un recul de l'emploi, des salaires, des
conditions de travail. Il prend prétexte de la crise et
du chômage pour faire du chantage en leur disant : « C'est cela ou la
porte ». Il met à profit la servilité d'un gouvernement qui devance tous
ses désirs et ne fait même pas semblant de s'opposer aux
fermetures d'usines et aux licenciements.
Les travailleurs de PSA Aulnay ont riposté et ils ont raison, comme
tous ceux qui, dans le pays, sont en lutte contre de tels projets. Il
n'y a rien à attendre d'un gouvernement qui se montre
ouvertement complice du patronat. Il n'y aura que la force des
travailleurs, s'ils se mettent en grève, s'ils manifestent, s'ils
engagent la lutte de façon déterminée, qui pourra faire ravaler leur
morgue à ces patrons qui se croient tout permis, et leur faire remballer
leurs projets.
Le grand patronat, appuyé par le gouvernement, a engagé une guerre.
Eh bien, il faut qu'il la perde ! Les travailleurs font tout fonctionner
dans l'économie. S'ils refusent de travailler, rien ne
se fait et du même coup la source des profits des capitalistes se tarit.
Ceux de PSA Aulnay, avec d'autres, montrent la voie.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 21 janvier
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